Rencontre avec Pauline et Guillaume, les fleuristes de Mint & Sweet Pepper.
“L’atelier de jolies fleurs” Mint & Sweet Pepper, c’est d’abord la rayonnante Pauline. Mais depuis 2020, Guillaume a rejoint l’aventure et c’est en équipe qu’ils réalisent désormais la décoration florale de vos événements. Curieux et touches à tout, ils sont l’un comme l’autre passionnés par les fleurs...et les jeux vidéo ! Pauline et Guillaume nous ont accueillis chez eux, entre les plantes vertes et les fauteuils de gamers, pour nous parler de leurs histoires...
Edit 2023 : Fini Mint and Sweet Pepper ! Pauline et Guillaume ont cessé leur activité pour se consacrer à de nouveaux projets, dans lesquels on leur souhaite une très belle réussite. De nouveaux fleuristes seront bientôt à découvrir sur Amours à l’Ouest.
Pauline : “Avant d’être fleuriste, j'étais photographe et vidéaste. À la base, je voulais être procureur, j'avais commencé des études de droit et...j'ai un peu dévié ! (Rires) Je faisais de la photo et j’avais un deal avec mes parents : si ça marchait, je pouvais arrêter mes études. À cette époque, je faisais des photos avec l’appareil de ma mère. Je prenais des photos de paysages, de ma sœur, etc. Elle les partageait sur les réseaux sociaux, ses copines les ont trouvées belles et ont voulu que je les prenne en photo à leur tour. Ça a commencé comme ça : je photographiais des potes de potes de potes... Jusqu’au jour où une femme qui allait se marier m’a contactée, elle n’avait pas le budget pour un photographe expérimenté et avait entendu parler de moi. Mais je lui ai recommandé de prendre plutôt quelqu'un avec de l’expérience, moi je n’étais qu’un bébé dans la photo. Elle a choisi une photographe pro, qui a accepté que je l’accompagne pour découvrir le métier de photographe de mariage. C’était en 2010, et un an plus tard j’étais déjà connue sur la région toulousaine. J’avais une copine photographe, Floriane Caux, qui m’a elle aussi emmenée sur des événements et avec qui j’ai commencé à travailler. Pour moi, elle reste l’une des meilleures photographes de reportage de mariages. J’ai fait de la photo pendant trois ou quatre ans et un jour, pour un reportage folk, des filles cherchaient un vidéaste de mariage et ne trouvaient pas. Alors je me suis proposée ! Tout le monde m’a regardée en mode : “Mais qu’est-ce tu racontes ? Tu fais de la photo, toi !” Et je l’ai fait!
Je suis vraiment quelqu’un de touche à tout, et surtout je m’ennuie vite. Je suis née dans une famille d’artistes : mon père dessine depuis toujours, ma sœur chante etc. À quatorze ans, on était sur scène avec ma soeur, elle au chant, moi à la batterie. On avait repris la comédie musicale de Starmania, dans un spectacle monté par mon prof de batterie. Je fais de la peinture, du dessin, de l’aquarelle... Je fais aussi du webmastering : j’ai fait tout mon site toute seule et je fais ceux de mes amis. Guillaume est comme moi, on aime la connaissance, on aime apprendre donc on s’intéresse à plein de choses.
Un jour, je faisais une séance photo avec une petite nénette, Adélie, une séance engagement avant son mariage. On se promenait et on parlait de nos rêves, de ce qu’on aurait aimé réaliser dans notre vie. J’arrivais à un stade où la photo me plaisait mais j’en avais fait le tour, j’avais envie de voir et de faire autre chose. Ce qui me manquait énormément à cette époque dans mon travail, c’était la reconnaissance. Je trouvais que les gens n’en avaient rien à faire du travail qu’il y avait sur une photo : ils la postaient sur les réseaux sociaux, recadrée, avec un filtre dégueulasse dessus. Ça me rendait folle ! J’ai déjà vue une de mes photos, passée en noir et blanc avec juste une pomme rouge... Je suffoquais presque derrière mon écran. (Rires) Je trouvais vraiment que les gens n’avaient pas de considération pour mon travail, ils n’avaient pas conscience de l’effort. Et puis je m’ennuyais, j’étais fatiguée... Je crois que la saturation est arrivée sur un mariage en particulier. Je prenais une photo de la bâtisse de nuit et en faisant la mise au point, mon objectif s’est décroché de l’appareil et il est tombé sur le volet roulant de la piscine. Il y avait deux invités du mariage, qui étaient torchés et morts de rire... J’ai fini par trouver quelqu’un qui a pu récupérer mon objectif, mais là je me suis dit que c’était le signe qu’il fallait vraiment que je fasse autre chose. Je racontais tout ça à Adélie qui, de son côté, était fleuriste. Elle n’en pouvait plus de sa patronne, qui n’avait aucune considération pour elle. Son rêve, c'était de trouver un local et se lancer toute seule dans la fleur. Et c'était fou parce que le métier de fleuriste c'était mon rêve de gosse. Je ramassais des coquelicots avec ma grand-mère, je faisais un herbier avec mon grand-oncle, etc. On parlait de tout ça et elle me dit : “Tu sais, je crois beaucoup au destin et au fait qu’on ne rencontre pas les gens par hasard. Ça te dit qu’on se lance ensemble ? Tu m’apprends la base de l’entrepreneuriat et je t’apprends la base la fleur.”
Je suis quelqu’un qui apprend très vite juste en regardant, je comprends rapidement comment fonctionnent les choses. C’est une qualité et surtout une vraie chance. Mais quand elle m’a dit ça, je l’ai quand même un peu regardée de travers. (Rires) Deux ou trois mois plus tard, elle m’a appelée pour me dire qu’elle avait trouvé un local et me proposer de me lancer avec elle. J’ai accepté. Avec une moitié de mon cerveau qui me disait : “Mais qu’est-ce que tu fais là?!”
J’avais des souvenirs d’enfance dans les fleurs mais je n’avais jamais rien fait dans ce domaine, c’était juste un rêve de gosse. À ce moment-là, comme j'étais en recherche de changement d’activité, j’avais travaillé un mois et demi chez un traiteur parce que j’adore faire la cuisine et la pâtisserie. Mais je me suis rendu compte que c’était chiant de le faire pour les autres ! Adélie m’a rappelée à ce moment, alors je me suis dit que c’était la vie qui me l’envoyait. Donc je l’ai rejoint, je ne savais pas vraiment que je faisais, mais j’y allais ! On a commencé comme ça et j’ai eu de plus en plus de dates de mariages en tant que fleuriste. Il m’est même arrivée d'être fleuriste et photographe sur le même événement. On a eu un premier atelier près de Toulouse, je lui ai appris les bases de l’entrepreneuriat et de la photo. Pour m‘apprendre les bases du métier, elle m’a proposée d’aller au MIN (c’est un peu comme Rungis à Paris) pour choisir des fleurs. Ensuite elle m’a donné une liste de choses à réaliser : un bouquet vrillé, une couronne de fleurs etc. Je suis passée en mode MacGyver et je les ai faites. C’est beaucoup de bon sens en fait. Mais je fonctionne comme ça pour tout ce que je peux faire et entreprendre : à l’instinct et au bon sens. Après évidemment, je découvre au fur et à mesure. Par exemple, une mariée rêvait d'un mur de fleurs : je n’avais jamais fait ça. Donc là, pareil, le bon sens : je réfléchis et j'achète une énorme planche de bois et quatre ou cinq paquets de pains de mousse. Et je construis ça comme un maçon ! J’ai passé quinze heures dessus, j’ai fini à la lampe frontale à minuit, les vêtements trempés. Une fois terminé, j’envoie une photo à Adélie, je lui raconte ma technique du maçon, et là elle m’explique qu’il existe des plaques de mousse qui font 1,5 x 1,5 mètre... (Rires)
Si j’avais suivi une formation comme un CAP, j’aurais probablement appris des choses très classiques, la base de la base. Du coup je ne suis pas du tout influencée. Quand j’ai commencé à travailler dans les fleurs, sur les réseaux sociaux je me suis désabonnée de tous les fleuristes que j'adorais, vraiment dans le but de ne pas être influencée par leur travail. Pendant deux ou trois ans j’ai arrêté de regarder le travail des autres pour vraiment forger ma patte. Et je les ai suivis à nouveau après, justement pour pouvoir me différencier à mon tour.
Avec Adélie, on a travaillé sur un événement dans une cave à vin, dans un château à Cahors. Le couple se mariait au milieu de la cave, parmi les tonneaux, et nous on devait monter une arche, installer des rubans sur les bancs, etc. On a travaillé entre les tonneaux, avec les vidanges qui dégagent des vapeurs de vin. La propriétaire nous avait bien prévenues de remonter toutes les heures pour respirer de l’air frais, au risque de finir complètement torchées. Mais on a fini en chantant du Pavarotti parce qu’on n’est pas remontées pendant...quatre heures. On était complètement pompettes à cause des vapeurs de vin. (Rires) On était mortes de rire et on chantait de l’opéra en plein milieu de la cave, j’en garde un souvenir génial !
Au bout de deux ans, Adélie est repartie à la Rochelle, moi j’ai déménagé en Bretagne, nos chemins se sont séparés comme ça. Elle est toujours à la Rochelle, sa boutique s’appelle l’Adélie Catesse. Moi j’ai quitté Toulouse avec mon ex-mari, parce que je n’en pouvais plus de la chaleur toulousaine et qu’on a tous les deux des origines bretonnes. Je suis née à Versailles, j’ai vécu neuf ans à Paris, dix-sept à Toulouse et je suis en Bretagne depuis cinq ou six ans ! Et j’ai rencontré Guillaume il y a deux ans et demi...
Guillaume : En juin 2019, j’ai rencontré Pauline via les jeux vidéo. On est tous les deux de grands fans de gaming ! Je suis originaire de la région Lyonnaise et j’ai une formation de paysagiste. Je suis venu plusieurs fois en vacances chez Pauline, et début 2020 j’ai commencé à travailler un peu avec elle. Comme j’étais là par intermittence au début, je lui donnais un coup de main sur les mariages, je transportais les caisses de fleurs, je nettoyais les fleurs etc. Je me suis installé en Bretagne juste avant le premier confinement. Je ne travaillais pas encore avec Pauline mais je l’aidais dans son activité.
Pauline : Au début je ne voulais pas qu’il travaille avec moi. C’était quelque chose qui m’appartenait et si ça n’était pas son rêve je ne voulais pas qu’il me rejoigne juste par facilité. Je trouve ça important de faire des choses qui nous plaisent, qui nous animent, qui sont nos propres convictions. Je ne voulais pas qu’il s’impose un rythme de travail ou quelque chose dont il n’avait pas envie. Donc je ne voulais pas qu’il fasse des fleurs avec moi si ça n’était pas quelque chose qui le faisait vraiment kiffer.
Guillaume : En Bretagne, j’ai repris pendant un temps mon travail de paysagiste, à mon compte cette fois. Mon ancien patron me faisait bosser énormément, aujourd’hui j’ai trois disques vertébraux usés, ça ne m’intéresse pas de reprendre l’entretien paysager à plein temps. Donc j’ai commencé à travailler avec Pauline et en 2020 on avait visité des locaux pour ouvrir une boutique. Mais une semaine après on était confinés. On passait alors de cinquante-quatre mariages prévus sur la saison à quatre mariages... Dans l’événement on a pris très cher avec le confinement et toutes les restrictions.
Pauline : On a eu énormément de dates annulées ou reportées. Notamment de gens qui venaient de l’étranger. On devait également aller à Londres car on se déplace dans toute la France et toute l’Europe. Ça aurait été la meilleure année de ma vie d’entrepreneure et ça a été complètement anéanti par le confinement. Comme tous les entrepreneurs qui ont pris très cher, d’ailleurs. Je déteste être à l'arrêt, ça a été très dur. Le confinement nous a fait mal psychologiquement et financièrement. En 2021 on a eu une trentaine de mariages, c’est une petite saison pour nous. Comme je disais, on a cet avantage d’apprendre très vite et donc de travailler vite et bien. On prend jusqu’à cinq mariages sur un week-end, mais on fonce, on ne réfléchit même pas et ça s'organise toujours bien, donc c’est trop cool !
On est plutôt complémentaires dans le travail : généralement Guillaume aime bien faire tout ce que je déteste. Je fais 70% du travail, c’est moi qui appelle les clients, qui reçois les mails, qui gère la comptabilité, etc. Depuis six mois Guillaume m’accompagne aux rendez-vous, il est encore en apprentissage sur certains points. On fait tous les deux le nettoyage des fleurs, c’est une étape essentielle avant de commencer à travailler. Quand on a plusieurs mariages sur un week-end, on regarde tous les devis et on note tout ce qu’il y a à faire, ce qui peut être fait dans la journée, ce qui doit impérativement être fait au dernier moment, comme les couronnes de fleurs, les bracelets... Et je commande toujours mes fleurs trois ou quatre jours avant l’événement.
Guillaume : Moi, je m’occupe de tous les contenants, je remplis parfois des centaines de contenants. Pauline s’occupe de tout ce qui est précis et minutieux. Même si je fais des bouquets aussi maintenant !
Pauline : D’ailleurs, on a une anecdote sur un bouquet : une mariée avait décalé son mariage plusieurs fois à cause du covid et, au lieu de se marier un samedi, elle se mariait un lundi. Elle ne m’avait pas renvoyé de mail pour valider la date définitive. Quand elle m’a appelé la veille de son mariage pour demander si elle pouvait passer chercher les fleurs, j’étais dans la panique la plus totale ! Alors que je ne suis pas du tout quelqu’un de stressé. Heureusement, on avait ce qu’il fallait à l’atelier, mais il fallait faire un bouquet énorme pour l’autel et on avait vingt minutes. Là, Guillaume me dit : "Tu veux que je te montre comment on fait un bouquet ?"
Guillaume : J’ai aligné toutes les fleurs de manière aléatoire, et je les ai roulées puis attachées... Pauline me disait : “Mais tu ne peux pas faire ça !!!” Le bouquet était énorme, donc même à deux, à la main ça aurait été trop compliqué de le faire branche par branche, on n'aurait jamais eu le temps. Moi j’étais confiant sur le résultat. (Rires)
Pauline : Et le bouquet était MAGNIFIQUE ! J’ai ouvert la porte de l’atelier à la future mariée, en lui disant : “J’espère que ça conviendra”... et elle a adoré le bouquet. Mais du coup, c’est devenu ma hantise, de louper un créneau. Donc les mariés qui reportent, en évoquant plusieurs dates, je les relance toutes les semaines jusqu’à avoir la confirmation de la date! (Rires)
Quand des mariés nous contactent, certains ont une demande très précise, parfois trop d’ailleurs et dans ce cas on ne prend pas le projet. Je préfère avoir carte blanche. Ce qu’il faut savoir c’est que je suis un peu...en roue libre ! Il m’est déjà arrivée qu’une mariée de Singapour me contacte car elle allait se marier en Bretagne, elle avait 5000 euros de budget mais elle voulait du gypsophile et j’ai dit non. La wedding planner hallucinait, mais je déteste le gypsophile (rires). Je ne trouve pas ça moderne, ça ne sent pas bon. Pour moi ça n’a vraiment aucun intérêt dans les bouquets. Mais c’est mon point de vue, il y a des gens qui aiment. On a refusé des contrats car des clientes nous donnaient une liste précise de ce qu’elles voulaient dans leur bouquet. Mais globalement, on n’a jamais eu de souci avec nos mariées, elles comprennent très bien qu’on a une patte artistique et qu’il faut le respecter. Beaucoup nous demandent également : “Si vous apportez les fleurs le vendredi soir, le lendemain elles seront encore bien ?” Mais ça ne fane pas en claquant des doigts les fleurs ! Si on en prend soin elles tiennent trois semaines. Quand on installe les fleurs, on donne des consignes précises.
Guillaume : Par exemple, si les tables sont exposées au soleil, il faut mettre les contenants au dernier moment. On précise parce que c’est déjà arrivé. C’était dans un domaine avec une grande baie vitrée plein sud, donc exposée toute la journée. Le soir tout était grillé et ils nous ont appelé pour qu’on vienne remplacer les fleurs... Mais ça n’était pas possible ! Et on avait donné toutes les infos pour éviter ça...
Pauline : Mais nos mariés sont trop mignons et vraiment en accord avec ce qu’on fait, ce sont des gens vraiment cool. Et comme on leur donne toutes les informations nécessaires, la plupart du temps tout fonctionne du tonnerre. Généralement, ils nous laissent carte blanche. Les seules infos que l’on demande sont les couleurs et des photos d’inspiration pour avoir une idée du style qu’ils veulent. On demande également si la mariée souhaite une forme de bouquet particulière. En ce moment, les bouquets à l’américaine sont très à la mode et souvent demandés. J’adapte toujours le bouquet à la mariée, en fonction de sa morphologie. Entre une petite et une très grande, ou une mince et une plus ronde, ça ne sera pas la même taille de bouquet. On encourage les mariés à nous envoyer la liste de tout ce qui les fait rêver, même si c'est un plafond de fleurs et qu'ils se disent que c’est hors de prix. Comme ça n’est pas leur métier, ils ne savent pas le travail qu’il y a derrière, ni le coût des fleurs. Globalement on a toujours une belle carte blanche et on demande à ce qu’il y ait de la place pour la créativité.
Guillaume : On demande toujours aussi s’il y a des fleurs qu’ils aiment particulièrement, et celles qu’ils n’aiment pas.
Pauline : On leur explique que, parfois, il y a des fleurs qu’ils n’aiment pas juste parce qu’ils ont l’habitude de les voir dans les cimetières. Mais associées à d’autres fleurs ça peut être très beau dans un bouquet.
Guillaume : Pour l’instant on travaille principalement sur des mariages, mais on a fait la Saint Valentin l’année dernière, et ça a très bien marché. On avait prévu une vingtaine de bouquets et on a eu une cinquantaine de demandes !
Pauline : On avait ce projet d’ouvrir une boutique, on avait visité des locaux. Mais le covid est passé par là et tout l’argent qu’on avait de côté, la trésorerie de l'entreprise, est passé dans de la survie alimentaire. Les aides de l'État ne comblaient pas du tout ce qu'on peut gagner habituellement sur un mois. Après, les locaux qu'on avait repérés n’étaient plus disponibles et on n’avait plus ce qu’il fallait, ne serait-ce que pour pimper la boutique. Mais ça n’est pas grave, aujourd’hui le projet a évolué...
Guillaume : Ce serait plutôt une boutique d'exposition avec des terrariums, des fleurs séchées. Quelque chose qui ressemblerait davantage à un atelier ouvert qu’à une boutique classique.
Pauline : On veut garder cette liberté de pouvoir faire autre chose. Tous les mercredis, par exemple, on passe du temps avec Ela, ma fille. C’est important pour nous de ne pas avoir des horaires de bureaux : ouvrir à 8 heures, fermer à 19 heures, pour parfois ne voir personne dans la journée... On préfère partir sur un autre projet qui sera aussi très cool. Actuellement on travaille surtout l’été, même s'il y a quelques mariages hors saison. Donc on a envie de faire quelque chose qui nous permet de gagner de l’argent tout au long de l’année.
J’ai eu Ela en août 2017. J’étais sur mon dernier mariage, à 2h30 de route le 3 août et je suis rentrée à la maternité le 6. Je portais mes trois cent kilos de fleurs à bout de bras, je montais à des échelles à six mètre de haut pour accrocher des guirlandes. La mariée me criait d’en bas : “Pauline descend de là ! Tu vas accoucher !”, mais moi j’étais tranquille ! Dans ma tête de toutes façons c'était prévu que je fasse ce mariage donc elle pouvait arriver, mais après ! (Rires)
J’ai fait la mise en place le 3 août pour le mariage du lendemain, je suis entrée à la maternité trois jours après. J'ai eu un accouchement difficile, cinquante-sept heures de travail pendant lesquelles j’ai eu droit à tout ! J’ai accouché le 9, je suis sortie le 14 et j’ai repris le travail le 20, avec la petite en écharpe. Étant entrepreneure, j'avais besoin de travailler, je n'avais pas de nounou et je ne pouvais pas confier mon bébé de dix jours à quelqu’un, donc je l’emmenais avec moi ! Sur plein de mariages je m’occupais de mes fleurs, tout en berçant ma fille dans sa poussette. Les mariées se sont dit que j’étais surhumaine, voire pas tout à fait normale. Évidemment je ne m’autorisais pas à monter à des échelles avec elle, je la laissais dormir dans sa poussette et je la surveillais d’en haut. Une fois, une bonne sœur est restée la bercer pendant que j’installais mes fleurs. J’ai quand même fait deux burn-out durant la première année après la naissance de ma fille : je ne me suis jamais posée, je n’ai pas eu de congé mat et j’ai travaillé du début à la fin. Mais ça l’a fait !
Je suis quelqu’un de toujours joyeux, souriant, enjoué et “à balles” pour tout. Je peux faire peur aux gens quand ils me voient arriver comme une espèce de pile électrique. Mais je suis vraiment bienveillante et dans l’entraide, je suis rarement en colère ou triste. J’ai des copains qui m’appellent “Madame Soleil”. Mais je suis humaine donc ça m’arrive aussi de sortir de mes gonds. Je peux parfois m’énerver sur un bouquet que je n’arrive pas à faire, qui ne me plaît pas donc je commence à m’agacer. Et c’est Guillaume qui me dit “ Pose tes fleurs, va faire un tour, calme-toi et respire, puis tu reviens.” Généralement ça fonctionne. J’ai déjà refait sept fois un bouquet de mariée, je suis assez perfectionniste. Comme dans d’autres domaines créatifs, la fleur c’est aussi beaucoup lié à l’humeur. Quand j’étais enceinte, j’étais d’une romance affligeante, je mettais des roses partout.(Rires) Je faisais des bouquets romantiques, moi, des bouquets romantiques ! Aujourd’hui je sais que quand je suis énervée ça ne sert à rien que j’insiste, je préfère attendre d’être plus calme.
Dans mon travail, un des moments qui me plaît le plus, c'est quand je reçois mes fleurs, je suis comme un enfant le jour de Noël ! C’est vraiment l’engouement d’une gamine dans un magasin de bonbons. Je suis fleuriste depuis 2014 et six ans après je suis toujours excitée quand je reçois les fleurs. Mais le moment que je préfère c’est quand j’apporte le bouquet à la mariée, et qu’elle pleure. C’est vraiment gratifiant. C’est de l’autosatisfaction, c’est clair, mais c’est là que je me dis que mon métier est vraiment cool. La mariée est contente et c’est vrai que, pour nous, c’est devenu assez banal de faire des bouquets ! J’ai encore l’impression que mon travail c’est juste d’assembler quelques fleurs, alors quand je vois le bonheur des gens...c’est juste trop bien, en fait. Et mon but dans la vie c’est de faire ce que j’aime, je suis vraiment dans une démarche de bienveillance. Mais je m’aligne avec ce que je suis profondément, alors si le feeling ne passe pas avec des clients, je préfère leur dire qu’on ne peut pas travailler ensemble. Je veux faire des choses qui m’animent, qui me plaisent, être dans une démarche - peut-être un peu enfantine - de faire quelque chose qui met en joie. Quand des gens décalent leur date de mariage parce qu’ils nous veulent absolument, nous on hallucine. On est toujours super arrangeants avec les clients, on propose de payer en plusieurs fois, on veut vraiment leur faciliter la vie. Et on se dit que plus on sera dans cette énergie-là, plus on recevra cette énergie aussi. Je ne vois pas du tout les autres fleuristes comme des concurrents mais comme des collègues, on fonctionne tous ensemble, dans une démarche bienveillante.
Et si j’avais un seul conseil à donner à des futurs mariés, ce serait vraiment de s’écouter avant tout. Ce n’est pas la mère, la belle-mère ou la grand-mère qui se marie. Il faut qu’ils fassent quelque chose qui leur plaît, qui est en accord avec eux et surtout pas pour faire plaisir aux autres. Il n’y a pas à faire de concessions pour les gens, ce n’est pas leur jour J. Faites quelque chose qui est foncièrement en accord avec vous, qui vous plaît à VOUS. Même si c'est totalement loufoque et déjanté !”
Les prestataires recommandés par Pauline : “Ce sont tous les gens avec qui j’aime bosser, mes chouchous !”
Jeanne Lannurien : Créatrice de robes de mariées, “Elle dépote vraiment, elle est dans une super énergie !”
Elodie Struillou : Hair & Make Up Artist.
Le Roudouic : Lieu de réception, “On adore y aller, Nadine est vraiment quelqu’un de trop trop bien !”
Gautier Le Guen : Photographe.
Chlotidien : Photographe, “C’est une amie à moi, chouchou d’amour !"
Yorelle Arty : Photographe.
Lenaïg Mével : Photographe, “Anciennement traiteur chez Cooklicot. Je la harcèle tous les ans pour avoir un carrot cake, puisqu’elle fait le meilleur de toute la terre !”
Calypso Events : Wedding Planner, “C’est ma pote et elle vraiment très très cool.”
Blomster Fleurs : Fleuriste, “Elle est mignonne comme tout, c’est une super pote !”
Le Naturel : Fleuriste.
Les Pissenlits par la Racine : Fleuriste, “Adeline est mimi tout plein.”
L’Atelier du 30 : Location de jeux en bois, “Valérie est à Toulouse mais elle est en projet de migration vers la Bretagne. Elle fait de la location de jeux géants en bois. Son chéri, Patrick, est DJ et il ne fait que de la prestation vinyles (Mr Swing et Mrs Groove)”
Mangabey : DJ, “Ils sont adorables.”