Rencontre avec Gwendal Katan, créateur de La Tablerie.

Par une (rare) chaude journée de juillet, nous sommes partis à la découverte d’une véritable caverne d’Ali Baba. A quelques minutes du centre ville de Rennes, nous avons rencontré Gwendal qui nous a ouvert les portes du showroom de La Tablerie. L’homme que nous avons rencontré est avant tout un artiste aux innombrables talents : scénographe de mariage, coordinateur de jour J, mais avant cela, danseur et créateur de costumes... La liste est longue, et incomplète ! Au milieu de montagnes d’accessoires de décoration, tous plus beaux les uns que les autres, Gwendal nous raconte son histoire…

« Je suis ancien danseur professionnel, j’ai dû arrêter ma carrière car j’ai eu un petit accident au niveau de la cheville. Ensuite j’ai travaillé dans le commerce et je suis revenu à la danse il y a une quinzaine d’années, en tant que prof de danse. Je travaillais au sein d’une structure hyper intéressante, il y avait de jolis moyens pour les spectacles, donc je me suis vraiment éclaté, avec des gros décors, des costumes etc. Parce que je fais de la couture aussi ! Il y a des années où je tournais à 900/950 costumes, c’était super épanouissant. Et j’ai eu un gros souci de santé, mon médecin m’a posé un ultimatum, alors j’ai choisi d’arrêter.

J’avais déjà plus ou moins ce projet de la Tablerie, j’ai toujours aimé dresser de jolies tables quand je recevais. J’ai commencé par louer de la vaisselle, rapidement j’ai reçu beaucoup de demandes. Je propose trois gammes : dorée, fleurie et verte. Qu’on peut mixer bien évidemment !

Et puis en chinant à droite et à gauche j’ai commencé à acheter des fauteuils. J’ai toujours eu une passion pour les fauteuils ! (Avant, j’ai eu une boutique de décoration aussi ! Je faisais de la rénovation de meubles anciens, je travaillais avec un tapissier.) Et quand j’ai commencé à communiquer sur ce mobilier, les gens qui cherchaient un salon pour leur mariage m’ont sauté dessus. J’ai un peu laissé tomber la vaisselle et j’ai beaucoup développé les assises. Aujourd’hui la vaisselle c’est 25% de mon chiffre d’affaires. Et ça me convient bien, car c’est énormément de temps de préparation et quand tu récupères la vaisselle de quatre mariages sur un week-end, pour le nettoyage… t’es content ! (Rires) Parce que la vaisselle, je la récupère rincée mais sale, c’est moi qui m’occupe du nettoyage.

Ensuite j’ai développé les tables, que j’ai fabriquées moi-même. Je propose également des chaises, au début je m’étais fixé 70 chaises, pour avoir un petit côté sympa sur les cérémonies laïques. Je trouve que quand il n’y a que des bancs, à l’arrivée c’est un peu froid. J’avais participé à un premier salon avec mon ami, et sur une fiche clients je vois qu’il avait écrit : « 150 chaises – OK ». Je n’avais même pas encore mes 70 ! Je retourne mes feuilles et je vois « 200 chaises – validé ». Mon ami me dit qu’on lui a demandé des chaises, donc il a dit que j’en avais ! Déjà je ne les avais pas et ensuite, il fallait pouvoir les transporter ! (Rires) Ça a été un peu chaud, mais j’ai pu fournir toutes les assises nécessaires. Donc aujourd’hui, je suis à 300 chaises !

Quand je ne suis pas trop débordé par le travail, je fais la tournée des Emmaüs le mercredi. Sauf que parfois je rentre en ayant trouvé deux chaises, et d’autres fois j’en trouve trente. Donc ça, ça a été un gros stress, mais aujourd’hui je le remercie car ces chaises, elles sont louées tous les week-end. Cet hiver j’ai fabriqué des bancs pour aller avec. Certains domaines ont des bancs, mais ce ne sont pas tous les mêmes. Et comme je suis assez perfectionniste sur le visuel, une cérémonie laïque avec des bancs de différentes tailles, de différentes hauteurs, je trouve ça assez dommage.

Je suis un artiste avant tout. C’est aussi pour ça que je suis hyper épanoui dans mon nouveau métier, que je m’éclate complètement : je suis dans la créativité sans arrêt. Autant au niveau de mon stock que dans le rapport avec les clients.  

Ça va faire quatre ans au mois de septembre que j’ai créé La Tablerie. Et dès la première saison j’ai fait 40 mariages. Quand j’ai lancé ça, j’espérais en vivre et ne pas avoir un double métier. Je suis quelqu’un d’entier, donc faire deux choses à la fois ça ne m’aurait pas convenu. Mais je ne pensais pas que ça allait prendre de telles proportions et arriver aujourd’hui à un stock comme celui-là. Après, j’ai toujours vécu plus ou moins dans le projet, en ce moment je travaille sur le Dis-Moi Oui Festival. Mais j’ai aussi un gros projet d’évolution à côté.

Mes mariés viennent de partout et ils sont plutôt aisés car je ne propose que de la fantaisie : sur un mariage, je ne suis pas indispensable. Je couvre toute la Bretagne, la Mayenne, et de plus en plus la Normandie.

Les mariés me contactent parfois deux ans avant le mariage et d’autres seulement quinze jours avant, j’ai de tout ! Globalement, disons qu’ils me contactent entre 6 mois et 1 an à l’avance. Certains misent énormément sur la décoration. Par exemple, je viens de décorer un mariage sur un thème de festival : c’est un couple qui organise des festivals de musique, donc il y avait trois concerts sur la journée, c’était vraiment extraordinaire. Eux ça fait très longtemps que je suis en contact avec eux.

Généralement, les futurs mariés viennent une première fois au showroom, on échange sur leurs idées s’ils en ont, ce n’est pas toujours le cas. Et je leur propose un premier devis. Je préfère quand les parents ne sont pas là, je rappelle aux couples que c’est avant tout leur mariage et qu’ils doivent se faire plaisir. Les expatriés, souvent, me font entièrement confiance et me laissent carte blanche. La plupart du temps, ils ont beaucoup regardé ce que je fais sur les réseaux sociaux et ont compris mon travail.

Je travaille beaucoup en « pack » : c’est-à-dire que tous mes éléments ont un tarif sur le site mais quand je fais mes devis, je fais un pack. Les salons c’est 30€ la place, donc pour donner une idée : un salon de dix places c’est 300€, et j’offre les tables basses, un peu de déco pour mettre dessus, des tapis, des plaids et des coussins. Je propose aussi la location pure, là les clients viennent récupérer le mobilier et la décoration directement au showroom et ils font l’installation eux-mêmes. Je suis très clair sur ce que je propose donc il n’y a jamais de mauvaise surprise. Parfois quand je relis les échanges et que je vois qu’ils auraient aimé quelques fauteuils de plus mais que ça ne rentrait pas dans leur budget, je leur apporte. Je suis quelqu’un d’hyper généreux, que ce soit sur les shootings ou sur les mariages, et j’ai des supers bons retours. Quand je pars, que mon camion soit ¾ plein ou plein c’est pareil, si je sens que le client avait envie d’une autre petite chose, ça me fait plaisir de lui offrir. De façon générale, je fais toujours un cadeau sur mes prestations!

Tout ça, ce n’est que du bonheur pour moi. Cette semaine encore je n’ai eu que de magnifiques retours, j’en suis presque gêné. Comme je leur dis, moi c’est mon métier, je suis là pour ça. Et il m’arrive de rester en contact avec certains clients.

Je fais également de plus en plus de « Responsabilité jour J ». Un jour, des mariés qui faisaient une très grosse cérémonie laïque m’ont demandé également des assises pour les témoins et la famille. Je trouvais ça dommage de tout laisser sur la cérémonie donc je leur ai suggéré de les réutiliser pour créer un salon. Eux ça les embêtait de demander à leurs amis et témoins de tout déménager, donc ils m’ont demandé si j’acceptais de venir. C’est parti de là ! C’est une prestation que je propose aujourd’hui : je suis là du matin jusqu’à l’ouverture du bal. Je fais le planning des mariés avec eux, j’accueille les prestataires, j’accueille la famille et je suis là pour gérer tous les petits problèmes. Bien sûr les mariés peuvent toujours demander de l’aide à un proche, mais dans ces cas-là pendant vingt minutes ils ne profitent pas de la journée… Alors que moi je suis là pour m’occuper de tout ça ! C’est un vrai confort supplémentaire pour les mariés. Et pour moi c’est vraiment chouette car je participe au déroulé de la journée complète !

En fait, je ne m’arrête jamais ! Le matin je suis en installation, je fais des photos, je les envoie aux mariés, je fais toute la cérémonie laïque, je démonte la cérémonie et je fais tous les transferts de mobilier. Et puis les à côtés : rapporter le bouquet de la mariée, etc. Il faut être à l'affût de tout, être partout à la fois, tout en étant hyper discret. C’est stressant et excitant à la fois. Mais j’adore ça, j’adore être là pour mes mariés. En tant que prestataire, on se plie en quatre pour eux, c’est leur mariage, c’est la journée de leur vie.

Je travaille dans beaucoup de très beaux domaines, mais il m’est arrivé de décorer une salle des fêtes, ça m’avait terriblement touché : les mariés avaient un budget déco finalement assez important, et quand j’ai fini l’installation j’ai senti que pour eux c’était vraiment extraordinaire. C’est un couple qui m’a vraiment beaucoup ému…

Je ne refuse aucune demande de prestation, sauf si je n’ai plus de stock. Mais j’ai tellement de matériel que j’arrive toujours à bidouiller. Et je n’ai presque aucun refus de devis de mon côté non plus, on est très peu en Bretagne à proposer ces services. Et il y a de la place pour tout le monde, on a chacun nos personnalités. On peut avoir le même matériel de base mais on n’a pas la même façon de le mettre en avant, et tant mieux ! Quand je ne suis pas disponible je n’ai aucun problème à renvoyer des clients vers des collègues. C’est très important le réseau !

Si je devais donner des conseils à des futurs mariés ? Ce serait de venir chez moi (rires) ! Plus sérieusement : personnalisez votre mariage. Quand des mariés arrivent avec une capture d’écran en me disant « On veut ça ! », je leur réponds que ce n’est pas possible. Ils auront quelque chose de différent, voire même mieux ! Je ne fais jamais la même chose et c’est ce qui m’éclate dans mon métier. »