Rencontre avec Yatalya Brown, créatrice de robes de mariées.

Dotée dès son plus jeune âge d'un véritable talent pour la couture et la création, Yatalya Brown met aujourd’hui son savoir-faire et sa passion au service des futur.e.s marié.e.s. Dans son atelier, situé rue de Rohan en plein centre de Saint-Brieuc, la créatrice réalise des tenues de mariage sur-mesure, dans une démarche résolument inclusive.

Entourés de dizaines de robes toutes plus incroyables les unes que les autres, nous avons écouté l’histoire de Yatalya...

« Ma mère avait une boutique de couture à Rennes, j’y passais beaucoup de temps quand j’étais enfant. Je découpais dans tous les tissus et j’ai appris les bases très tôt : à 9 ans je savais utiliser sa machine à coudre. J’adorais ça, je pouvais créer plein de choses. J’ai une formation complètement autodidacte, j’ai découvert le métier avec ma mère. Mais elle a perdu son entreprise et ça l’a probablement traumatisée. Lorsque j’ai voulu m’orienter vers une carrière dans la mode, elle m’a découragée et j’ai fini par suivre un parcours tertiaire. Jusqu’en 2011, j’étais assistante de direction dans une grosse société à Paris, rien à voir avec les robes de mariée ! Quand je suis revenue vivre en Bretagne, je n’ai trouvé que des boulots alimentaires et pour la première fois de ma vie, j’ai été confrontée au racisme dans le milieu professionnel. C’est le moment où j’ai eu le courage de monter mon entreprise… mais en cachette de ma mère ! J’avais toujours eu ce projet de création en tête, sans oser me lancer. Aujourd’hui, elle est hyper fière de moi, mais ça a été compliqué pour elle de comprendre mon choix. D’autant plus que j’avais l’opportunité d’entrer dans les ateliers de Louis Vuitton, où elle travaille également. Mais je savais que je ne resterais pas, le besoin de m’accomplir dans la création était plus fort.

Ce qui est exposé dans mon showroom ce sont uniquement des prototypes, tout droit sortis de mon imagination, je ne fais pas de collection. Ces prototypes peuvent être une base pour créer une robe sur-mesure, mais si les futures mariées veulent totalement autre chose, c’est tout à fait possible ! La plupart du temps, je crée entièrement les robes de mes clientes. Je leur fais essayer les miennes pour qu’elles puissent découvrir toutes les matières que j’aime utiliser, voir les tombés etc. J’ai des basiques, un peu comme des “toiles blanches”, avec lesquelles elles essaient plusieurs tops, des accessoires. On construit la robe de cette façon car j’ai énormément de choix, ça leur permet de se projeter complètement, même si le résultat sera forcément différent en fonction des tissus et des dentelles choisis. Donc j’insiste vraiment sur ce point : je ne fais pas de collection et je ne souhaite pas en faire. Je préfère créer au fur et à mesure de mes envies car je veux que les mariées qui viennent me voir puissent rêver en voyant mes robes, qu’elles choisissent avant tout mon univers, mon style, et me fassent entièrement confiance d’un point de vue créatif et qualitatif. Elles repartent toujours des essayages en ayant leur robe en tête, avec un croquis ! Ensuite je leur propose un devis, et elles signent...ou pas ! (Rires) Mais généralement elles sont convaincues.

Les femmes qui viennent me voir ont souvent déjà fait le tour de plusieurs boutiques sans trouver ce qu’elles voulaient, parce qu’elles ont quelque chose de précis en tête, quelque chose d’unique. J’ai régulièrement des clientes rondes, avec des complexes et un certain mal-être, qui ressortent traumatisées d'essayages en boutiques classiques. Elles se sont senties humiliées et mettent parfois du temps à reprendre la recherche de leur robe. Donc quand elles arrivent chez moi, je dois d’abord les rassurer et leur expliquer que, bien entendu, je vais savoir créer une robe adaptée à leur morphologie. Une robe qu’elles aimeront ! Parce que pour certaines de ces femmes, le choix de la robe n’est plus qu’une étape obligatoire et désagréable dont elles se passeraient bien. On leur a tellement dit qu’avec leur poids elles ne pouvaient pas porter tout ce qu’elles voulaient, ou qu’elles devaient absolument porter un corset, que je dois déconstruire tout ça. C’est arrivé encore récemment, et lorsque j’ai fait essayer une robe à cette dame, elle en a pleuré d’émotion... Ce sont vraiment ces moments-là qui me rappellent pourquoi je fais ce métier. Une femme avec une taille marquée, qu’elle fasse un 36 ou un 46 peut quasiment tout porter, il suffit juste que ce soit adapté à la morphologie.

Presque tout ce que j’ai en boutique peut être essayé, quelle que soit la taille de la cliente. J’ai plusieurs modèles de robes de grande taille, et sur les autres je fais des fermetures très longues. Quoiqu’il arrive, elles peuvent les enfiler pour se donner une idée et voir le tombé. Et j'ai envie que ce soit encore plus ouvert donc je vais en créer de nouveaux, en taille 48. Pour qu’elles puissent tout essayer, qu’elles soient encore plus à l’aise, et ressortent convaincues qu’elles sont belles.

Ces femmes-là, quand je les rencontre, il n'y en n’a pas une seule qui a confiance en elle. Et j'arrive toujours à leur faire choisir des robes qu'elles n’auraient jamais pensé porter. Ça c’est la plus grande réussite pour moi. Quand je vois les photos de mariage de mes clientes, je suis très fière et je les trouve hyper sexy ! Pendant mes rendez-vous, il y a aussi beaucoup cet aspect "psychologique", mon objectif est de leur redonner confiance et je prends vraiment le temps nécessaire pour ça. Je ne vais pas dire que je joue la psy, mais...la psy des fringues en quelque sorte ! (Rires)

Sur mon site je n’ai pas de catégorie “Plus Size” car j’estime que cela ne devrait pas exister. L’inclusivité, c’est très important pour moi. Je veux que chaque personne qui passe la porte de chez moi se sente la bienvenue. J’ai un frère trisomique, un autre transgenre, je n’ai aucun problème à en parler mais je ne veux pas le revendiquer : il y a un côté très marketing sur ces sujets, que certaines marques utilisent pour leur communication, et ça me dérange énormément. Cependant, je me sens obligée de l’afficher parce que je suis sûre qu'il y a encore plein de gens qui n’osent pas s’assumer, se cachent du regard des autres. Moi je veux avoir une clientèle qui me ressemble.

Je n’ai pas que des femmes rondes comme clientes mais forcément, en proposant du sur-mesure, j’ai plus de chance de recevoir des personnes qui n’ont pas trouvé ce qui leur convenait en boutique, hormis le style. En tout cas, je reçois beaucoup de femmes complexées, qui veulent camoufler une partie de leur corps, et d’autres femmes qui cherchent un style bien particulier pour leurs robes et qui sont sûres de le trouver chez moi. Dans mes créations, j’essaie de m’approcher d’un style Haute Couture, dans les détails, les dentelles brodées... Mais je ne fais pas que des choses extravagantes ! J’aime beaucoup, également, les lignes très épurées, très simples et sans dentelle.

Généralement il faut prévoir quatre rendez-vous entre la première rencontre et la livraison de la robe. Lors du premier, on crée la robe ensemble, la forme, le décolleté, les matières et je prends les mesures. Je ne fais pas de “toile”, je réalise directement la robe, sans les broderies. Après le premier rendez-vous, les futures mariées repartent avec un croquis et un devis. Elles ont un mois de délai de réflexion. Je demande un acompte de 50% du montant total à la signature, et le reste au premier essayage de la robe. Cet acompte me sert à acheter les tissus nécessaires à la réalisation de la robe. Une fois que le devis est validé, je commande la matière première et les délais des fournisseurs sont parfois de plusieurs semaines, donc le rendez-vous pour le premier essayage est fixé environ trois mois après. La future mariée revient une troisième fois pour les derniers ajustements, notamment sur la longueur de la robe, c’est pourquoi il est important qu’elle apporte ses chaussures du jour J. C’est également le moment où l’on choisit ensemble les emplacements des broderies. Enfin, lors du dernier essayage, la robe est prête ! Si besoin, j'effectue des petites retouches finales mais la cliente peut repartir avec sa robe terminée.

Donc pour me commander une robe, il vaut mieux s’y prendre à l’avance, environ un an. Ça dépend évidemment des périodes, mais le minimum c’est quand même au moins six mois. Il m’arrive d’avoir des demandes un peu “de dernière minute” et si c’est possible, bien sûr je le fais. Selon la complexité de la robe souhaitée, et du nombre de robes en cours.

Si je devais donner un conseil aux futures mariées, ce serait évidemment de choisir une robe dans laquelle elles se sentent bien. De ne se sentir obligée de rien : un corset ou pas, une autre couleur que le blanc, porter des baskets, être pieds nus... Il faut s’écouter. Pas les copines, la famille, les magazines etc. Moi, en tant que créatrice, je suis là pour les conseiller, les guider dans le choix de la forme, la couleur, mais tout est possible ! Quoiqu’il en soit, elles seront forcément les plus belles aux yeux de leurs maris. Le plus important est d’être à l'aise et se sentir belle, chacun vit son mariage comme il le veut.”

Les prestataires recommandés par Yatalya :

La Tablerie : Location de décoration, scénographie, “Gwendal est extrêmement doué, c’est incroyable ce qu’il fait.”
Le Bazar à Pétales : Fleuriste, “Je n’ai pas encore travaillé avec elle, mais j’aime beaucoup ce qu’elle fait!”
Akene : Fleuriste, “Elle travaille les fleurs de son jardin, j’aime beaucoup son approche.”
La Fabrique Végétale : Fleuriste, “Tout ce qu’elle fait est très beau.”
Lilypop : Photographe, “Elle est barrée, et j’aime les trucs barrés ! J’aime son univers complètement assumé!”
Clément Guillottin : Photographe, “J’aime beaucoup son travail, c’est vraiment nickel.”
Monsieur M : Traiteur, “C’est très bon et je n’ai entendu que de bons avis !”
Une Part de Charlotte : Cake Design, “Elle fait des gâteaux incroyables.”

Yatalya Brown

1, rue Aribart

22170 Châtelaudren-Plouagat

Retrouvez son univers ici.

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Photos du showroom par Mathieu Alemany.