Akilée - Traiteur végétalien dans le Morbihan
Rencontre avec Alexandra Dupuich
Avant d’enfiler la veste de cheffe traiteur, Alexandra travaillait dans le social. Un métier exigeant, qu’elle a exercé pendant plusieurs années avec la même rigueur et le même sens du collectif qui la caractérisent encore aujourd’hui. Mais peu à peu, l’envie de créer autrement s’est imposée.
La cuisine, elle, avait toujours été là — une évidence, nourrie par les repas de famille et les gâteaux faits maison. Lorsqu’elle découvre l’alimentation végétale, tout prend sens : c’est un prolongement naturel de ses valeurs, une autre façon de prendre soin, cette fois à travers ce qu’elle met dans l’assiette.
Avec Akilée, Alexandra signe une cuisine végétalienne, locale et engagée, où chaque plat raconte une histoire de saison et de transmission. Entre curiosité, instinct et gourmandise, elle imagine des menus vivants et colorés, pensés pour régaler autant que pour questionner.
Elle nous a d’ailleurs fait le plaisir de nous accueillir pour un déjeuner, afin de découvrir sa cuisine autrement que par les mots. Résultat : un repas aussi bon que beau (et les photos en témoignent !), où chaque assiette semblait raconter sa propre histoire.
Dans cette interview, elle partage son parcours, ses inspirations et la vision qui guide aujourd’hui sa cuisine : celle d’un monde plus cohérent, où la convivialité et la conscience se rencontrent autour de la table.
Photo par Mathieu Alemany
De l’accompagnement humain à la cuisine végétale : un nouveau souffle
Avant, j’étais éducatrice spécialisée. C’était un métier passion, que j’ai exercé jusqu’en 2019. Je m’épanouis dans le soin, dans le don. Ma sœur jumelle est infirmière : elle a choisi l’autre versant du soin ! Mais à force, j’ai commencé à être à bout de souffle. Je travaillais auprès d’un public en situation de grande précarité — des personnes en demande d’asile, des personnes SDF, des jeunes en errance, etc. J’ai débuté tôt, dans le dur, et face à une institution pas toujours bienveillante.
Alors, quand mon mari, a eu une possibilité de mutation, j’y ai vu une chance de rebondir. Je voulais un métier qui ait du sens, et la cuisine s’est imposée comme une évidence.
J’ai toujours été une bonne mangeuse ! On cuisinait tout le temps, chez ma mémé comme chez ma maman. Elle nous a appris à faire des gâteaux, tout était fait maison. Dès que j’ai eu mon premier appart, je me suis mise à tout cuisiner moi-même. J’étais un peu en décalage avec les autres, du coup : c’est souvent moi qui recevais à la maison ! (Rires)
À ce moment-là, je n’étais pas encore végétalienne. J’avais arrêté la viande pendant un temps, mais c’est mon mari qui a creusé le sujet. Il voulait comprendre pourquoi certaines personnes faisaient ce choix. En se renseignant, il a découvert tout ce que l’alimentation carnée impliquait… et, du jour au lendemain, on a amorcé un changement vers une alimentation 100 % végétale. Pourtant, à cette époque, nos vacances, c’était un tour de France des fromages ! On partait avec notre camion aménagé et on s’arrêtait dans toutes les villes où il y avait une spécialité locale.
On s’est mis à cuisiner végétalien. Et honnêtement, au début, il y a eu de gros loupés ! (Rires) Mais peu à peu, on a trouvé notre équilibre. Parce que la cuisine végétalienne, ce n’est pas juste « ne pas avoir d’animaux dans son assiette ». C’est une démarche globale, écologique : le zéro déchet, les circuits courts, le bio, etc. Tout ça a pris sens.
Entrée : Blini au sarrasin tarama végétal, pickles de graines de moutarde et tagliatelles de courgettes.
Une reconversion portée par le hasard et la passion
Quand je suis arrivée en Bretagne, j’ai commencé à chercher comment transformer cette nouvelle manière de vivre en projet professionnel. Au départ, je pensais plutôt me tourner vers la pâtisserie. Suivre une formation en cuisine impliquait de travailler des produits d’origine animale, et je ne m’en sentais pas capable.
J’ai donc cherché un poste en pâtisserie, mais, à 28 ans, j’étais « trop vieille » pour la plupart des patrons. Mon profil les intéressait, mais ils auraient dû me rémunérer comme un ouvrier qualifié.
Un jour, un peu pour noyer mon chagrin (rires), je suis allée manger chez Cailloce Gourmet, le seul établissement végétalien du Morbihan. En discutant avec le patron, je lui ai lancé : « Vous ne chercheriez pas quelqu’un, par hasard ? » Et il m’a répondu : « Peut-être que si. » Incroyable ! J’ai l’impression que ma vie, c’est souvent ça : chaque fois que je cherche quelque chose, une porte s’ouvre. J’ai énormément de chance.
Il allait justement ouvrir une autre boutique à Vannes et avait besoin d’étoffer l’équipe. Je les ai donc rejoints en juin 2019 ! Je suis arrivée sans formation, mais ils m’ont appris la rigueur, les techniques, et j’ai fait mes armes sur tous les postes. En revanche, côté recettes, j’étais déjà passionnée et très curieuse, j’avais accumulé beaucoup de connaissances que j’ai pu mettre en pratique.
Après avoir fait le tour des postes, j’ai eu envie de créativité. Le patron m’a alors donné carte blanche pour développer la pâtisserie, qui était assez limitée à l’époque. Je me suis éclatée ! J’ai enrichi les gammes salées et sucrées, testé plein d’associations. Finalement, ne pas avoir suivi de formation a été une vraie chance : je ne suis pas « formatée ». Tout sort de ma tête, de mes lectures, de mes inspirations, de ce que je vois sur Internet.
Plat : Écrasé de pommes de terre et patate douce, sauce verte aux herbes, mayonnaise estragon, tofu mariné à l’orange en croûte de noisettes, butternut rôtie.
Oser franchir le pas, l’aventure commence ici
Quand l’entreprise a fermé en septembre 2023, j’ai beaucoup hésité à créer quelque chose moi-même. Je suis un très bon petit soldat, fidèle au poste et toujours prête à bien faire. J’adore travailler pour un patron bienveillant, mais je n’avais pas du tout l’âme d’une entrepreneure. (Rires) Tout le monde m’encourageait à me lancer, mais l’idée d’ouvrir un établissement, c’était une autre histoire… Pourtant, je ne me voyais pas retourner dans le social. Et puis, impossible de rejoindre un autre établissement végétalien — il n’y en avait pas dans le coin. Quant aux restaurants « classiques », je ne pouvais pas : je suis incapable de travailler une pièce de viande.
Alors, on a créé mon petit labo, et je me suis officiellement lancée comme traiteur en janvier 2024. La première année, je proposais une cantine les vendredis dans une ferme florale. C’était une expérience géniale, très humaine, très vivante.
J’avais déjà un compte Instagram, à l’époque où je travaillais chez Cailloce. J’y partageais mes créations de pâtisserie, mes tests, mes inspirations. Le compte s’appelait « Salade de Cailloux ». (Rires) Pas hyper commercial, je te l’accorde ! Déjà qu’on part d’une base un peu sceptique avec la cuisine végétalienne… (Rires)
Quand j’ai créé mon entreprise, j’ai changé de nom. J’ai choisi Akilée, en référence à l’achillée millefeuille. C’est l’une des premières fleurs médicinales que j’ai découvert pendant ma formation en herboristerie qui m’a ouvert tout un monde : celui des plantes sauvages et de leurs usages. Une réelle reconnexion à la nature qui a orienté ma cuisine aujourd’hui de la graine à l’assiette.
L’achillée me parle beaucoup : elle est rustique, elle pousse là où la terre doit être réparée. C’est aussi une grande plante des femmes. Il y avait quelque chose d’évident dans ce nom-là, qui me faisait vraiment écho.
Derrière le nom d’Akilée se cache aussi un jeu de mots engagé : le préfixe français « a », qui exprime la privation ou la négation, accolé à « kill » (tuer), forme A-kill : ne pas tuer. Un clin d’œil à mon travail de cheffe, à travers lequel je mets en avant une cuisine qui fait du bien sans faire de mal.
Dessert : Cubes de gelée d’amandes, nage florale aux petits fruits - Entremet fruits rouges, crème diplomate vanille.
Premiers mariages, l’émerveillement en cuisine
J’ai découvert l’univers du mariage en travaillant en cuisine aux côtés d’Anne-Laure de Primesautier sur de grands événements. Elle m’inspire énormément par ses engagements pour un monde durable, sa vision globale et sa cohérence jusque dans son quotidien.
Puis j’ai rencontré la fondatrice de Maison Pluriel, qui m’a encouragée à dépasser mes appréhensions et à accepter les demandes de couples qui me sollicitaient déjà, avant même que je ne propose officiellement de prestations mariage. C’est là que tout a commencé.
Alors j’ai sauté le pas.
Mon premier mariage m’a laissée sur les rotules, mais c’était génial. Et surtout, j’avais gagné quelques points sur l’échelle de ma confiance en moi. (Rires) J’étais mal organisée, je faisais des journées à rallonge, mais j’apprenais chaque fois un peu plus.
Une cuisine de mariage créative et vivante
Pour créer un menu de mariage, j’adore partir d’une envie ou d’un souvenir qui tient à cœur aux mariés : une histoire de rencontre, un souvenir, un goût qu’ils partagent… J’aime quand ça fait appel à la créativité, quand on construit quelque chose qui leur ressemble.
Mais souvent, surtout dans la cuisine végétale, les gens ont besoin d’une base pour se projeter. Alors je propose une brochure avec plein d’exemples d’entrées, de plats et de desserts, pour tous les formats : cocktail, buffet, repas assis ou plat partagé. Cette base est bien sûr à adapter selon les légumes de saison, mais elle offre déjà énormément de pistes et d’inspiration pour élaborer leur menu de mariage.
Quand les futurs mariés me contactent, je leur envoie cette brochure qui rassemble toutes les infos principales : les différents plats, le service, les options, les CGV. Ils me partagent ensuite leurs envies, et, à partir de là, je prépare un devis personnalisé. Pour ceux qui le souhaitent, on peut aussi organiser une dégustation avec trois pièces cocktail, une entrée, un plat et un dessert.
J’utilise beaucoup les fleurs comestibles, j’adore ça : c’est comme une autre palette de création. Je propose aussi des alternatives végétales au fromage, et ça a énormément de succès ! C’est très différent, mais vraiment bon. Et si les mariés tiennent à avoir des huîtres ou du fromage traditionnel, aucun souci : je peux très bien servir cette partie aussi.
Les desserts, c’est un peu ma signature. J’adore surprendre avec des créations végétales qui font toujours leur petit effet ! Si une chose peut convaincre même les plus réticents, c’est bien mes gâteaux : équilibrés, gourmands, colorés et sans compromis sur le goût. Layer cakes, gâteaux fleuris à partager, pièce montée constituée de pâtisseries individuelles, mignardises… tout est possible (sauf la pâte à choux, le seul domaine où je préfère laisser la magie opérer ailleurs).
© Akilée
© Akilée
Une approche locale, humaine et bienveillante
Je trouve quasiment tout ce dont j’ai besoin en local : près de chez moi, il y a des maraîchers bio comme Les Jardins de Scoulboch ou la Ferme du Cordier à Brandivy. Pour les fruits, c’est un peu plus compliqué, alors je passe souvent par la Biocoop.
Je cultive mes propres fruits, légumes, herbes aromatiques et fleurs comestibles. C’est une façon de rester profondément connectée aux saisons, de nourrir ma créativité et de suivre le produit dans tout son cycle. C’est aussi une pratique qui m’équilibre : le jardin impose une patience et un rythme bien différents de celui, souvent effréné, du traiteur.
Je ne propose pas la vaisselle, le nappage, le mobilier ou la décoration. En revanche, quand les mariés n’ont pas de wedding planner et ne savent pas vers qui se tourner, je prends le temps de les conseiller, de les aider à gérer cette partie-là.
En cuisine, nous sommes au minimum deux. J’ai la chance de pouvoir compter sur des personnes de confiance et qualifiées pour le service en salle. Selon le format et la taille de l’événement, j’étoffe ensuite l’équipe.
Je me déplace dans un rayon d’environ 1 h 30 à 2 h autour de chez moi. Je suis assez centrale en Bretagne, donc je peux aller un peu partout. Et puis le feeling joue aussi : si le contact passe bien et que je sens que ça va être fluide, je n’hésite pas à me déplacer un peu plus loin.
Donner du sens à chaque assiette
Quand j’ai créé l’entreprise, je comptais le nombre de plats « sans cruauté animale », à mes yeux, qui sortaient de ma cuisine. Chaque assiette servie me donnait de la force. Avec les mariages, j’ai encore franchi un cap : d’un coup, ce sont une centaine de personnes qui, à la base, n’avaient pas du tout envie de manger végane (rires) et qui découvrent… Même les plus sceptiques se resservent !
À mon échelle, je sais que j’ai un impact : je permets aux gens de questionner leur rapport à la table, à ce qu’ils mangent. Et ça, ça me donne le sentiment d’avoir semé quelque chose d’utile.
Pendant les mariages, j’observe souvent les invités qui restent près du buffet à discuter de ce qu’ils sont en train de déguster. Il y a une vraie curiosité, de l’étonnement aussi. Ce sont des saveurs qu’ils n’ont parfois jamais goûtées, même quand les plats sont simples. Ils sont attentifs, intrigués, là où, avec un menu plus traditionnel, la surprise est moindre.
Et puis, on l’a remarqué avec Anne-Laure — à travers les retours des prestataires, mais aussi en le vivant nous-mêmes : après le repas, les gens ne sont pas « à moitié endormis », en pleine digestion. Les DJ sont ravis ! (Rires)
Aujourd’hui, je me fixe des objectifs raisonnables, atteignables. Je veille à préserver un certain équilibre, surtout dans un monde qui ne tourne pas toujours très rond. Si je peux faire quelques mariages pour faire vivre mon entreprise, et à côté de ça, créer du lien, renouer avec mon ancien métier, ou participer à des actions bénévoles… c’est parfait. J’ai besoin de faire des choses qui ont du sens.
Et dans le milieu traiteur, toutes les filles que j’ai rencontrées m’ont apporté un soutien et une sororité incroyable. Personne ne se tire dans les pattes, tout le monde se donne des conseils.
© Akilée
© Akilée
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Le conseil aux mariés : se faire plaisir avant tout
Mon conseil principal, c’est de se faire plaisir. Je propose des pièces cocktail assez généreuses, donc les invités ont déjà bien mangé et ne risquent pas de manquer. Si jamais les mariés choisissent leurs plats en pensant « plaire à tout le monde »… il faut se rappeler que tout le monde ne sera jamais d’accord sur tout, et c’est normal !
C’est leur mariage, une journée qui va passer à 1000 à l’heure. Se priver de son plat préféré, ou de ce qui leur fait vraiment plaisir, c’est un énorme gâchis !
Quoi qu’il arrive, les invités s’y retrouveront dans les cocktails, les accompagnements ou les desserts. Et puis, si quelqu’un a une remarque… c’est probablement qu’il n’était pas là pour profiter du moment ! (Rires) »
© Akilée
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© Océane Drollat
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