Romain Hénaff - Photographe
Après le bac, Romain entame des études de droit. Son engagement dans la vie associative étudiante lui donne l’opportunité de nombreuses rencontres qui seront déterminantes dans la suite de son parcours. Un peu par hasard, il se présente à un concours pour intégrer l’armée, quand on lui diagnostique un problème cardiaque. Il est déclaré inapte et contraint d’abandonner ce projet.
S’ensuit alors une période de doutes, de questionnements qui le mèneront progressivement vers la photo. Romain se met à voyager, à découvrir de nouvelles cultures et à rencontrer des gens de toutes nationalités, tout en développant sa pratique de la photo. Si son parcours l’oriente naturellement vers le métier de photographe, ce n’est qu’en 2023 qu’a lieu le véritable déclic, lorsqu’il part à la découverte de son pays d’origine : le Vietnam. Au retour de ce périple, c’est une évidence, les barrières psychologiques qui pouvaient l’entraver dans le cadre de ses prestations disparaissent et il s’épanouit véritablement.
Romain a l’œil de lynx du photographe de rue, mais aussi le goût des relations humaines. Plein d’autodérision, il est drôle et humble. Il se dit timide, mais 2 minutes d’échanges bienveillants suffisent à le mettre à l’aise ! Il est le photographe de mariage tout indiqué pour les futurs époux qui souhaitent un reportage dynamique, qui ne fait pas l’impasse sur les à-côtés parfois insolites, souvent amusants !
Ambitions et obstacles : construire son avenir malgré les défis
« Je suis originaire du Vietnam. À l’âge de 2 mois, j’ai été abandonné sur les marches d’un couvent, à Hô Chi Minh City. Mes parents m’ont adopté quand j’avais 4 mois, et j’ai grandi à Gourin en plein centre du Morbihan. Il n’y a pas grand-chose à faire ou à voir, si ce n’est une statue de la Liberté, quand même ! (Rires)
Je suis allé au lycée à Hennebont, j’ai passé un bac ES et je suis entré en fac de droit à Vannes, un peu par hasard, en suivant des copains. (Rires) J’ai redoublé les premières années de licence, car j’étais très engagé dans les associations et les mandats étudiants, donc j’étais plus souvent en conseil de fac qu’en cours. Les profs me connaissaient très bien, mais me voyaient assez peu en amphi !
J’ai fait beaucoup de rencontres qui ont été plutôt déterminantes pour mon parcours professionnel de base. Je me suis beaucoup intéressé aux questions militaires et de défense. J’avais rencontré un général à la retraite qui faisait des débats avec les étudiants, pour nous inciter à développer nos points de vue, etc. J’ai passé ma dernière année de licence à Nantes et j’ai pu faire un stage au centre de recherche de Saint-Cyr Coëtquidan. C’était aussi l’occasion de me rapprocher de ma mère, qui était malade.
Je suis ensuite parti à Toulouse, puis à Lille, pour étudier les spécialités qui m’intéressaient et qui portaient sur la défense et la sécurité nationale. Au cours de mon master 2, plusieurs amis préparaient des concours pour intégrer l’armée, j’ai suivi l’un d’entre eux et j’ai passé celui de commissariat aux armées. On a validé les écrits tous les deux, ce qui était assez surprenant me concernant, d’autant plus que j’ai cité Tolkien. (Rires) Lors de la visite médicale, on m’a détecté un problème cardiaque qui m’a empêché d’obtenir le concours. J’ai été opéré en urgence, mais l’opération n’a pas eu le succès qu’on attendait. Mes projets tombaient à l’eau, il a fallu que je prenne du temps pour moi, pour savoir ce que je voulais faire.
Voyages et premières photos : une passion qui se dessine
Une amie m’a alors incité à voyager avec elle en Irlande pendant 2 semaines. C’est là que j’ai commencé à faire mes premières photos de voyage. En troisième année de licence, j’ai perdu ma mère. Peu de temps après, je suis parti en Toscane avec mon père. Il a toujours fait de la photo, en hobby, et je lui piquais ses appareils pour les soirées. C’est au cours de ce séjour que j’ai commencé à faire de la photo de rue et que j’ai senti que quelque chose se passait. Ce n’était plus seulement prendre mes potes en photo, c’était les cultures, les gens. Avec le recul, mes images n’étaient pas belles (rires), mais c’est le début de ma relation avec la photo de manière plus sérieuse ! Et c’est quelque chose que j’ai retrouvé durant de ce voyage en Irlande, avec mon amie.
En rentrant, je ne savais toujours pas ce que je voulais faire de ma vie, j’avais dû faire une croix définitive sur l’armée. Ils considéraient que j’étais inapte physiquement, ce qui m’empêchait de passer les concours. Sur le moment, ça a été une vraie déception, mais ça m’a poussé à beaucoup voyager. J’ai décidé de faire un interrail pendant 2 mois. C’est un pass ferroviaire qui permet de se déplacer à travers toute l’Europe. Je suis parti seul, avec mon appareil photo, et je dormais en auberges de jeunesse.
C’est quelque chose que j’ai beaucoup développé après le refus du concours. En voyageant en Irlande avec mon amie qui ne prévoit rien du tout (rires) — elle se reconnaîtra, je l’embrasse — j’ai appris à accepter de vivre au jour le jour. Et c’est quelque chose que j’ai poursuivi avec l’interrail !
Je suis allé à Munich, Vienne, Budapest, Prague, Berlin, Londres et aux Pays-Bas pour rejoindre ma copine qui y travaillait à l’époque. C’est la première fois que je me sentais européen. Pour moi, l’Europe c’était une notion de cours, de droit. Le fait de découvrir ces pays, de rencontrer des gens de toutes les nationalités qui avaient mon âge et voyageaient de la même façon, ça a complètement changé ma perception. C’était assez drôle, il m’est arrivé de discuter toute une matinée en anglais avec quelqu’un, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’on était tous les deux français ! (Rires) J’ai fait beaucoup de photos de voyage et de rue, je sentais que mon regard évoluait, c’était plus réfléchi. J’ai aussi beaucoup appris sur moi-même, sur ce que j’étais prêt à accepter, mon rapport à l’imprévu, etc.
La photo comme nouveau départ
Après l’interrail, je devais partir dans les Asturies en Espagne, avec mon amie. C’était le moment où l’on commençait à parler du Covid, que l’on considérait encore comme une grosse grippe. On a traversé la frontière espagnole, les rues étaient vides. On a compris que c’était un peu sérieux. J’avais prévu d’aller en Asie juste après et je recevais des messages des compagnies aériennes pour m’informer de l’annulation de mes vols. Des rumeurs de confinement, etc. commençaient à circuler. Alors, on a fait demi-tour en urgence et on est rentrés en France !
Je suis retourné chez mon père qui avait déménagé dans le sud de la France, près de Montpellier, dans une zone blanche… Il n’y avait pas de réseau du tout, à moins de monter sur la colline derrière pour capter une barre. (Rires) J’ai assez mal vécu cette période !
De là-bas, je candidatais dans des industries de défense en tant que civil et dans la sécurité numérique. Ma spécialité, c’était la sécurité des données et l’intelligence artificielle. Je suis allé à Paris pour des entretiens qui se sont très bien passés, mais l’ambiance était vraiment particulière à ce moment-là. Et puis au fur et à mesure, je ne rencontrais plus les recruteurs, c’était des entretiens filmés dans lesquels je répondais à des questions. Il y a eu une cassure à ce moment-là, j’aimais le numérique, mais le fait de ne voir personne, ça a fini par me démotiver.
Des amis, qui travaillaient en tant qu’indépendants dans des milieux divers, m’ont poussé à me lancer en photo. J’ai créé mon auto-entreprise en décembre 2021 et j’ai obtenu un statut d’artiste auteur après mon intégration dans l’agence Hans Lucas. Pour moi, la photo à la base, c’était surtout le voyage, mais à cette période c’était compliqué. J’ai commencé à faire des photos pour des copains qui avaient besoin de portraits pour leurs CV. Je les suspecte de les avoir plutôt utilisés pour Tinder, mais bon… (Rires)
J’ai travaillé pour un luthier, je n’avais jamais fait ça, c’était vraiment un test. Il a été très heureux des images et m’a demandé de grands tirages pour sa vitrine. Je crois qu’on a été tous les deux très surpris du résultat de ce shooting ! (Rires) C’est là que j’ai commencé à me sentir un peu plus légitime. Au fur et à mesure, des particuliers m’ont trouvé grâce au bouche-à-oreille. Je ne suis photographe que depuis 3 ans et je fais peu de photos de famille, mais ces familles, je les suis encore aujourd’hui. On crée des liens sur le long terme.
Voyage au Vietnam : un tournant personnel et professionnel
En mars 2023, j’ai candidaté auprès de l’agence Hans Lucas. J’avais fait un reportage sur la thanatopraxie, le soin des morts. C’était très enrichissant humainement, et c’était un véritable défi d’adoucir l’image de ce métier. J’avais entendu parler de l’agence qui est un collectif de photoreporters, et à la fois, un réseau d’accompagnement.
Je commençais à photographier des mariages, un peu par accident, principalement pour dépanner des amis. Je leur avais fait un prix en les prévenant que je n’avais jamais fait ça, que ça pouvait être très bien… ou ressembler à des photos de manif ! (Rires) Ils m’ont fait confiance et j’ai très vite retrouvé des codes du photoreportage, ça m’a bien plu. Même si les premiers mariages ont été catastrophiques : je me suis découvert des allergies que je n’avais pas avant. J’ai fini la journée avec les yeux explosés, je me demande encore comment j’ai tenu jusqu’au bout. Je suis donc allergique aux cyprès, je ne le savais pas. Maintenant, j’ai toujours des antihistaminiques sous la main, au cas où ! (Rires) Lors de mon deuxième mariage, il faisait tellement chaud que mes batteries étaient en surchauffe toute la journée ! Quant au quatrième mariage, la mariée était en béquilles et voulait maintenir son entrée en skate à la mairie. Ça s’est très bien passé, mais je n’étais pas du tout serein pour elle.
En mars-avril 2023, je suis parti au Vietnam tout seul. J’en avais besoin avant de me lancer réellement dans la photo, et je ne savais pas si j’aurais à nouveau l’occasion de gérer mon temps comme je le veux. Je ressentais le besoin de découvrir le pays de mes origines, que je n’avais vu que sur les photos prises lors de mon adoption ou celle de ma sœur. Ma sœur ne se sentait pas prête à faire ce voyage avec moi, je suis donc parti seul.
J’ai recherché le couvent où l’on m’a adopté, c’était très compliqué, car ça avait énormément changé. Après avoir insulté le vigile sans faire exprès avec Google Trad (rires), j’ai retrouvé le couvent et la nonne qui s’était occupée de mon adoption. Elle avait 93 ans et parlait un français impeccable. Ç’a été un moment très émouvant. J’ai réalisé que j’avais vraiment besoin de ça pour mon équilibre privé et personnel. En revenant du Vietnam, je me suis lancé à fond dans la photo, en arrêtant de me poser des limites et en faisant tomber les barrières psychologiques que j’avais jusqu’alors. Je l’ai annoncé à mon père, ça a été une évidence pour lui. (Rires) Quant à Caroline, ma fiancée depuis le lycée, elle m’a toujours soutenu et encouragé dans cette voie. Ce voyage a été la découverte de moi-même, ça a débloqué beaucoup de choses chez moi.
Derrière l’objectif, l’importance de l’écoute et de la confiance mutuelle
J’avais déjà des mariages signés, cette fois, ce n’était plus ceux des amis, mais de vrais inconnus ! Avant de partir au Vietnam, je ne savais pas encore si c’était ce que je voulais faire. Après mon retour, j’ai réellement aimé ça puisque je n’avais plus la réserve que j’avais auparavant dans ma connexion avec les mariés. C’est un métier humain, donc soit tu te le fais à fond, soit tu fais autre chose.
Et puis j’ai trouvé mon style aussi. Au début, j’avais tendance à reproduire ce que je voyais sur Instagram, mais je sentais que ça n’allait pas. Ça ne ressemblait pas du tout à mes photos de voyage qui sont beaucoup plus colorées. J’avais la sensation que la photo de mariage était très codifiée, qu’il y avait une espèce de norme à respecter sur le résultat final. Tandis qu’en voyage, il n’y avait pas d’attente particulière. Quand Justine et Mathieu [ndlr : nous :)] m’ont poussé à assumer mon style et m’ont guidé, un deuxième verrou a sauté.
Lorsque les mariés me contactent, on organise une rencontre afin d’être sûrs que ça matche entre nous, puis j’envoie un devis et un contrat à signer. Comme j’ai fait du droit, je suis très à cheval là-dessus ! Ensuite, je les vois 3 ou 4 fois avant le jour J, pour suivre leur projet, leurs envies et m’assurer de connaître leurs proches. J’accorde beaucoup d’importance à voir les mariés à plusieurs reprises, cela peut se faire en visio. Je veux les connaître, savoir comment ils se sont rencontrés, s’ils porteront des bijoux qui ont une importance dans la famille, si les préparatifs ont lieu dans un endroit qui leur est cher, etc. Je ne veux pas faire leur séance couple en forêt ou à la plage si ça n’a pas de sens pour eux. Ce doit être un endroit qui les touche. Si c’est le parc à côté de leur lycée, c’est OK, c’est leur histoire ! Le jour du mariage, ils me connaissent, ils me font confiance et je les laisse dans leur bulle.
Je propose de couvrir la journée depuis les préparatifs jusqu’au cocktail ou à la soirée. Et j’inclus toujours une séance engagement ou des tirages A4 dans mes formules, c’est au choix !
Photographie de mariage : entre complicité, mouvement et spontanéité
J’ai tendance à préférer les mariages animés à ceux qui sont très codifiés où les gens restent assis et n’osent pas se rencontrer. C’est aussi pour ça que, pendant le cocktail, j’aime bien aller voir ce que font les enfants, car eux n’ont pas du tout ces barrières ! Même s’il pleut, ils sortent, ils jouent, les parents leur courent après, etc. Et comme je ne suis pas très grand, ça me permet d’avoir des images des enfants… à hauteur. (Rires) Je suis là où il y a du mouvement en fait. J’adore le cocktail et la soirée : tout le monde danse, il y a une ambiance et une effervescence incroyable. Je me déplace beaucoup parmi les invités, j’ai fait de la photo de manif, donc je suis du genre à foncer dans le tas. Je pense que le reportage de rue et de voyage est un vrai atout dans ces moments-là.
Aujourd’hui, je suis hyper épanoui ! Je le redis, mais le Vietnam, et les échanges avec Justine et Mathieu ont été un véritable déclic ! J’ai débuté par la photo de voyage, puis la photo d’entreprise, le mariage est arrivé après, un peu par hasard. Quand Mathieu (Alemany) m’a poussé à assumer mon style, j’ai commencé à m’amuser beaucoup plus en photographie de mariage.
Et puis, j’aime beaucoup la relation que j’ai avec les mariés que j’accompagne, j’aime bien l’idée qu’on puisse se retrouver ensuite autour d’un verre, que ce soit davantage que simplement contractuel. Je n’ai plus les réserves que je pouvais avoir avant et je m’implique beaucoup plus. La plupart pourraient être des amis, si l’on s’était rencontrés dans un autre contexte. La photo c’est vraiment « accepter l’humain », ça m’a aidé à m’ouvrir moi-même et à me recentrer sur ce que je voulais.
Enfin, si je devais donner un conseil à de futurs mariés, je dirais que le feeling est le plus important. Le photographe est le seul prestataire présent aux côtés du couple toute la journée, depuis les préparatifs à l’ouverture de bal. Ils vont le voir non-stop, c’est primordial d’avoir une connexion avec lui. Je pense aussi qu’il ne faut pas suivre les tendances à tout prix et écouter ses envies pour ne pas avoir de regret. Ils ne doivent pas hésiter à demander au photographe de visionner une galerie complète pour vérifier que ça leur ressemble. Sur Instagram, on met toujours en avant les photos qu’on adore, mais, sur une journée entière de mariage, il y a des temps forts et des temps faibles. On ne peut pas avoir que des images fortes sur 600 photos. Il faut prendre le temps de cette réflexion. L’expérience humaine prime, et cela avec l’intégralité des prestataires. S’ils sont naturels et à l’aise, les photos seront belles et réussies ! »
Les prestataires recommandés par Romain
Eyma : Créatrice de robes de mariée. « J’ai travaillé sur un de ses shootings, le feeling était hyper bien passé et ses robes sont très belles. »
AS Maquille : Coiffeuse et maquilleuse. « J’ai travaillé avec Anne-Sophie pour plusieurs shootings d’inspirations, ce qu’elle fait est très beau et naturel. »
JM Wedding : Wedding planner. « Marlène est venue me chercher dans ma grotte pour des rencontres de prestataires (rires), j’ai bien envie de travailler sur un mariage avec elle ! »
Domaine Le Mezo : Lieu de réception. « Les équipes sont adorables, le lieu est magnifique, c’est presque tricher tellement c’est beau ! (Rires) »
Beezh : Papeterie artisanale. « Benoît accompagne les mariés dans toute la conception de leur faire-part. »
Camomille : Fleuriste. « J’ai fait une séance photo dans son atelier, ses compositions florales sont magnifiques. »
Pierre-Alain Mouton : Vidéaste. « Il me fait bien marrer sur ses vidéos et il a une approche authentique avec ses mariés. »
Ker Ostara : Wedding designer. « C’est très beau ce que fait Léna. »
Kar Kar : Traiteur. « Elles ont une approche bio et locale, et elles sont adorables. C’est hyper bon, je me suis régalé : c’était simple et très savoureux. »
Bow Tie : DJ.
Hello Photobooth : Photobooth.
Romain Hénaff - Photographe de mariage à Vannes
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