Rencontre avec Lenaïg Mevel, photographe.

Après avoir régalé pendant quatre ans les mariés de Bretagne et leurs convives, Lenaïg arrête son activité de traiteur pour retrouver sa première passion : la photographie. Aujourd’hui photographe de mariage, elle n’a pas pour autant délaissé le monde de la gastronomie puisqu’elle est également photographe culinaire ! 

Rencontrée alors qu’elle était cheffe de Cook’licot (Lenaïg était la traiteur de mon propre mariage), c'est un plaisir de suivre son parcours dans le milieu de la photo et de découvrir son histoire... 

“La photo, c’est une histoire qui a commencé très tôt. Dès mon plus jeune âge, j’ai beaucoup voyagé avec mes parents : Maroc, Jordanie, Canada, Croatie, Madère, Pologne, Sardaigne, un peu partout en Europe. C’était l’aventure ! On visitait les coins reculés, et on allait chez l’habitant, découvrir la culture et déguster la cuisine locale. À cette époque, mon père avait un appareil argentique, il immortalisait tous ces moments pour qu’on en garde des souvenirs. En effet, chez nous, les placards étaient remplis d’albums photo. Je passais mon temps à les regarder, ils racontaient notre histoire. J’étais très admirative des souvenirs qu’on pouvait garder grâce aux images. Et il m’arrive encore de passer des heures à feuilleter ces albums quand je retourne chez mes parents. Ils organisaient également des soirées diapos : ils invitaient leurs amis lors d’apéritifs, pour visionner le dernier voyage. J’adorais ces moments de partage ! 

Alors, à treize ans, quand j’ai eu mon premier appareil, j’ai fait comme mon père. C’est là que ma passion pour la photo est née. J’amenais mon appareil photo chez mes copines pour réaliser des petites séances créatives : c’était l’époque des skyblogs, alors je m’éclatais à réaliser des photos « stylées » ! (Rires) Et dès qu’on partait en voyage, je photographiais tout ce qui m’entourait : les paysages surtout, mais aussi les instants de vie. Pour garder une trace de ce qu’on avait vécu. Mais jamais je n’aurais cru pouvoir en faire mon métier, on me disait que c’était un milieu bouché. 

Après le collège, j’ai suivi un cursus culinaire en école hôtelière pendant sept ans. Mon appareil photo n’était jamais bien loin : je l’amenais en TP de cuisine pour prendre des photos des plats, des copains, je faisais mes petites mises en scène, etc. Et quand je pouvais, je postulais pour des stages à l’étranger (Devon et Norvège) pour photographier d’autres paysages, d’autres ambiances. 

À la fin de ce cursus, je me suis rapidement lancée à mon compte, en tant que traiteur et chef à domicile, sous le nom de Cook’licot. Je ne me voyais pas travailler en restaurant et surtout pas avec un chef sur le dos ! C’est là que j’ai commencé à travailler pour des mariages dans toute la Bretagne. Cette activité aura duré un peu plus de quatre ans. C’était une belle expérience, très enrichissante, qui fonctionnait très bien, mais qui était extrêmement fatigante. 

Et en 2019, ma fille est née. J’ai souhaité arrêter petit à petit le boulot de traiteur pour me lancer enfin dans la photo. Sur Instagram, je postais des photos de mes plats, de mes prestations de traiteur, qui ont été remarquées par des marques agro-alimentaires. Elles m’ont proposé des projets de création de recettes avec leurs produits, stylisme et photo culinaire. C’était le bon moment pour me reconvertir. Je voulais garder un pied dans le monde du mariage, pour le côté humain, mais aussi dans l’univers culinaire. Alors j’ai décidé d’avoir deux casquettes : photographe de mariages et photographe culinaire. Depuis j’ai réussi à allier ces deux milieux.  

Aujourd’hui, je suis hyper reconnaissante de pouvoir exercer une profession qui me passionne et qui est compatible avec ma vie de famille.

Les mariés découvrent mon travail via mon site, Instagram, et parfois par le bouche-à-oreille. Ils me contactent entre un an et six mois avant leur mariage. Ça peut varier, et il arrive aussi que j’aie des demandes de dernière minute.  On échange d’abord par mail, je leur envoie les différentes prestations que je propose et j’explique aussi comment je travaille le jour J. Je demande la vision qu’ils ont de leur mariage, l’ambiance qu’ils imaginent, la déco, les cérémonies qu’ils souhaitent, etc. Si ma façon de travailler, mes photos et mes tarifs leurs conviennent, on s’organise pour se rencontrer autour d’un verre si c’est possible (avec la distance et le covid c’est parfois compliqué) ou sinon par visio.  

Pendant ce rendez-vous, j’aime en apprendre plus sur eux, il faut que le feeling passe entre-nous. C’est important que je me fasse une idée de qui ils sont, leur style, s’ils sont un peu extravertis ou plutôt dans la retenue. Cela me permet de les guider plus facilement le jour du mariage, surtout pour les photos de groupes et de couples. Les mettre à l’aise, c’est essentiel pour des photos naturelles. En tant que photographe, on est l’un des rares prestataires à accompagner les mariés tout au long de leur journée de mariage. Alors, créer une relation de confiance en amont, c’est primordial. 

 J’offre un shooting en couple à tous mes futurs mariés, on appelle cela une "séance engagement", mais on pourrait aussi l'appeler “séance fiançailles”. C’est un moment qui nous permet de nous rencontrer réellement, si les premiers échanges se sont fait par visio. Mais cela permet surtout aux mariés d’avoir une première impression devant l’objectif et de s’habituer à être pris en photos afin que le jour J, ils soient totalement à l’aise et en confiance avec moi. Grâce à cette séance, les mariés sont plus détendus le jour du mariage, ils peuvent laisser place au naturel. C’est important pour moi de réaliser des photos naturelles et authentiques, qui leur ressemblent.  

C’est un avant-goût du mariage ! Et les photos leur permettront de garder des beaux souvenirs des préparatifs ou de les utiliser pour leur Save the date !

Le jour du mariage, j’arrive le matin même, parfois la veille s’il a lieu hors de la Bretagne ou à l’étranger. Je commence par repérer les lieux, la décoration, l'environnement extérieur. Puis je suis à leurs côtés pendant les préparatifs, le maquillage, la coiffure, l’habillage. Je recommande aux mariés de s’entourer de leur témoins, demoiselles d'honneur ou famille très proche, afin de partager un moment de complicité lors de ces préparatifs. Ils peuvent aussi en profiter pour ouvrir une bouteille… Rien de mieux pour se détendre ! (Rires) 

Lors de la cérémonie, qu'elle soit religieuse, civile ou laïque, je photographie ces instants précieux comme un reportage, au rythme des discours. Je me fais la plus discrète possible pour capter les moments intimes, les émotions sur les visages… Et pendant le cocktail, j'aime prendre en photo les convives avec spontanéité et naturel, en petits groupes. En fin de journée, la lumière est plus douce, c’est le meilleur moment pour réaliser les photos de couple. Je m’éclipse avec eux pour réaliser des photos à leur image. Si on a le temps, on peut quitter le lieu de réception et se rendre sur un lieu qu’on a repéré ensemble en amont : plage, falaise, champs, etc. La prestation peut se terminer à la fin du cocktail, sinon, je reste jusqu’à la partie la plus festive : la soirée ! 

Après le mariage, je réalise la sélection des photos et leur post-traitement. C’est une partie importante de mon travail. En moyenne, je prends 3500 à 4000 photos par mariage et je sélectionne ensuite les meilleures. Ce sont des photos brutes qu’il faut ensuite traiter : je vais modifier plusieurs paramètres comme la colorimétrie, le contraste, la luminosité, etc.. Pour ajouter ma « patte », mon style, sur chaque photo. Elles sont travaillées une par une, cela représente un temps fou, mais le résultat attendu est là ! 

Quand c’est terminé, je re-visualise les photos afin de ne rien oublier et de rendre un reportage complet. Quatre à six semaines après le mariage, je livre les photos sur une galerie privée en ligne sur laquelle ils peuvent télécharger les photos en haute définition ainsi qu’un diaporama. Je laisse le choix aux mariés de partager la galerie à leurs convives qui peuvent ainsi télécharger les photos. C’est un beau cadeau pour les invités qui pourront, eux aussi, revivre ces moments inoubliables.  

Même si c'est difficile à définir, je crois que ce que j’aime le plus aujourd’hui dans mon travail, c’est la variété. Dans un mariage, je passe de la photo reportage, aux détails, à la photo de couple et de paysage. Et il peut y avoir un peu de photo culinaire (rires) pendant le cocktail et le repas. C’est génial ! Je ne m’ennuie jamais, je touche à tout. C’est aussi un métier très créatif dans lequel il faut toujours s’adapter, parce qu'il peut y avoir des conditions météo défavorables, des moments imprévisibles, des changements de lumière. Mais je trouve ça très plaisant, ça me permet de renouveler sans cesse mes idées de prise de vue.  

J’aime aussi beaucoup mettre en lumière les détails : les décors (j’ai une passion pour les fleurs et tout ce qui touche à la nature), les tables, les accessoires lors des préparatifs, la papeterie, etc. Si les mariés choisissent ces éléments c’est qu’ils ont une importance à leurs yeux, une histoire. Alors je prête une grande attention à tous ces détails ! 

Les photos de petits groupes lors du cocktail et les photos de couples en fin de journée, à la lumière dorée, sont aussi un réel bonheur ! J’aime capter les regards, les larmes, les rires : les émotions ! Franchement, quel plus beau métier que de baigner dans cette ambiance et de photographier un moment aussi heureux qu’un mariage ?  

Et si je devais donner un seul conseil aux mariés, ce serait de profiter de leur mariage ! Il faut qu’ils lâchent la pression et qu’ils s’amusent. Un mariage ne dure qu’une journée. Pour cela, je leur recommande de réaliser un mariage à leur image : d’inviter qui ils souhaitent, réaliser une décoration qui leur plaît, avoir une ouverture de bal qui leur ressemble, proposer un dîner-buffet s’ils souhaitent casser les codes… 

Quelque chose de très important aussi : déléguer ! À leurs témoins ou à une wedding planner : zéro stress garanti. La charge mentale le jour d’un mariage pour les mariés, c’est hors de question. Et, évidemment, de choisir des prestataires qui sauront gérer les imprévus et avec qui ils seront en totale confiance !”