Rencontre avec Jeanne Lannurien, créatrice de robes de mariée.

Après une formation supérieure en Fashion Design et un début de carrière dans la mode à Londres, Jeanne a retrouvé sa Bretagne natale en 2013. Depuis plus de six ans maintenant, elle confectionne les robes sur-mesure des dizaines de futures mariées tombées sous le charme de ses créations.  

La pétillante Jeanne nous a reçus dans son atelier à Pleuven, pour de joyeuses retrouvailles (c’est elle qui avait créé ma robe en 2018 !) Nous avons discuté de nos vies, de nos bébés, mais surtout de son parcours et de son travail... 

 
 

“Déjà petite, j’aimais bien la couture mais ça n’était pas du tout une évidence, ni même une passion. En revanche, c’est venu hyper naturellement dans ma vie, au fur et à mesure. Quant à la robe de mariée, c’est arrivé plus tard. J’avais passé un Bac Arts Appliqués et un BTS Modélisme car mes parents ne voulaient pas que je fasse du stylisme directement. Ils craignaient que je n’aie pas d’avenir dans ce domaine, donc le BTS les rassurait. Alors j’ai fait un BTS de Modélisme Industriel, qui m’a permis d’apprendre le patronnage que je ne connaissais pas du tout. Toutes les autres filles en formation avec moi sortaient de BEP ou de Bac Pro, elles avaient toutes un vrai background en couture et patronnage. Moi j’ai débarqué là-dedans, il a fallu que je me donne à fond pour avoir le niveau en deux ans ! Mais je n’aimais pas du tout l’aspect industriel, j’ai toujours été plutôt manuelle. Pendant le BTS, on a visité l’University of the Arts de Londres et là, ça a été évident : il fallait que j’aille à Londres. Je me sentais trop bien dans la ville et je voulais aller dans cette école. J'ai tout fait pour être prise au London College of Fashion après mon BTS. Cette formation était beaucoup plus technique et j’y ai appris à réaliser les patronnages que je créais. Alors qu’en France, le stylisme et le modélisme sont davantage enseignés dans des formations différentes. C’est ce qui m’attirait beaucoup, le fait de tout apprendre en même temps : dessiner et pouvoir se dire ”tiens, on va faire plutôt comme ça”. J’ai fait trois ans d’études dans cette école et je suis restée à Londres presque huit ans. J’avais fait pas mal de stages pendant mes études, en plus des petits boulots à côté, parce qu’à Londres le coût de la vie est très élevé !

 
 

Là-bas, il y avait beaucoup de start-ups dans la mode donc j’ai testé plusieurs choses. Et j’ai eu mon premier job en “pattern cutting”, c’est-à-dire modéliste : je faisais les patrons des vêtements pour les collections. On faisait aussi des pièces uniques, tout était très manuel, il n’y avait pas d’ordinateurs. C’était vraiment de la pure création. Quand la boîte a fermé, je me suis dit que j’allais lancer ma marque ! J’avais 24 ans... c’était une mauvaise idée ! (Rires) C’était génial et j’ai adoré l’expérience, mais il faut vraiment s’y connaître en business et on ne peut pas tout faire à la fois. J’avais créé cette marque avec une copine et le rythme était beaucoup trop soutenu, surtout qu’il fallait que je travaille à côté. C'était une marque de prêt-à-porter haut de gamme qu'on vendait dans une boutique qui s'appelait Wolf & Badger, à Notting Hill. L’expérience était super chouette mais avec le rythme des collections c’était trop pour nous. Quand on a arrêté, on l'a vécu un peu comme un échec, mais on s’est dit que ça valait le coup de l’avoir tenté. Et j’ai décidé de rentrer en Bretagne à ce moment-là, en août 2013 ! 

Lorsque j’étais à Londres, j’avais réalisé chacune des robes de mes sœurs qui s’étaient mariées la même année, en 2012. J’avais trouvé ça tellement cool ! Quand je suis rentrée m’installer en Bretagne, je savais qu’une marque de prêt-à-porter n'aurait jamais fonctionné, alors qu'il y avait un vrai créneau pour les robes de mariée. Donc assez naturellement, je me suis lancée dans la création de tenues de mariage pour voir comment ça allait se passer. Je ne me suis pas trop posée de questions. Et ça a bien fonctionné tout de suite, grâce au bouche à oreille principalement, qui est encore plus efficace qu'Instagram où les réseaux sociaux en général. 

 
 

En 2013 mon frère s’était marié aussi et j’avais fait la robe de ma belle-sœur, puis celle de ma cousine un peu plus tard. Dès 2014, je commençais à avoir des clientes en dehors du cercle familial. À ce moment-là j’étais entrepreneure salariée : je travaillais au sein d’une coopérative, avec le statut de salariée, mais avec ma propre boîte. C'est assez particulier comme fonctionnement, ce sont eux qui géraient tout et je touchais un pourcentage selon le chiffre que je faisais. C’était vraiment idéal pour lancer l’activité. Et en 2016, j’ai créé mon entreprise. A cette époque je me disais que plus tard je ferai des collections etc. Et je ne l’ai jamais fait car finalement ce n’est vraiment pas ma démarche, et ça ne le sera jamais. Ça ne me correspond pas du tout. 

Aujourd’hui, ma vision a évolué et j’ai vraiment envie de créer des robes uniques : c’est ce que j’aime faire et je ne veux surtout pas produire de stock. On fait de plus en plus attention à l’impact du textile, et je trouve ça très important. Cet été, par exemple, j’ai travaillé sur des robes déjà existantes et c’est une démarche qui m’a beaucoup plu ! Les demandes venaient de mariées qui avaient acheté leur robe pour se marier en 2020 et qui avaient dû reporter la date. Sauf qu’entre temps, leurs envies avaient changé, certaines avaient eu des bébés. Donc j’ai fait des petites adaptations, des retouches etc. Ce sont des choses que je ne faisais pas du tout avant car je n’avais pas le temps et je ne pouvais pas travailler sur d’autres robes que celles que je faisais. Mais j’ai trouvé ça super intéressant et ça me faisait plaisir de les aider. Il a fallu trouver des solutions techniques, mais la robe existait déjà donc il y avait moins de pression. (Rires

 
 

En ce moment, je ressens le besoin de me renouveler un peu, donc j’aime bien l’idée de faire des robes autres que des robes de mariée. Ça fait très longtemps que je fais des tenues de mariage, et j’aime toujours autant ça, mais j’ai aussi envie de varier et proposer autre chose. J’aimerais faire quelques robes pour les femmes, à la demande, toujours pas de collection. Des robes de jour qui, selon le tissu, pourront se porter pour des occasions. J’en crée pour des femmes qui font des séances photos type “confiance en soi” avec Camille Milin, ou des robes de grossesse, etc. J’ai toujours eu des demandes pour créer des tenues pour les invités à un mariage, mais je n’ai jamais vraiment eu le temps. Je le faisais parfois pour la maman de la mariée, c’était une petite exception !  

Chaque créateur a sa patte, son style... Mais moi j’aime tellement de choses que j’adore faire des robes très différentes, c’est ce qui me fait vibrer. J’aime le challenge de devoir m’adapter à chaque personne. Mes robes ne se ressemblent pas du tout, même au niveau des matières c'est souvent très différent ! En ce moment je crée une tenue pour des mariés, la jupe pour la femme et la chemise pour l’homme. Les pièces sont en double gaze de coton. C’est complètement inédit pour moi, je n’ai jamais fait de vêtement pour homme. Et j'avais très envie d'utiliser cette matière qui est vraiment dans la tendance un peu “cocoon” ! Aujourd’hui, quand je créé une robe de mariée, j’ai envie qu’il y ait une véritable demande créative ainsi qu’un vrai feeling avec la personne. Je souhaite faire des choses qui m’éclatent et m’inspirent, pour des personnes avec qui je me sens bien. Le feeling c’est super important, je passe entre un an et un an et demi avec mes mariées, il faut vraiment qu’on ait de bonnes relations. Sinon, il vaut mieux qu’elles trouvent quelqu’un avec qui ça accroche bien car il y a une confiance et une intimité qui doivent s’installer entre nous dès le premier rendez-vous. 

 
 

Souvent, les mariées me contactent d’abord par mail, parfois par Instagram et d’autres par téléphone. Je les reçois ensuite pour un premier rendez-vous au cours duquel je réalise une esquisse. C’est lors de cette première rencontre qu’on discute beaucoup et qu’elles me disent tout ce qu’elles aiment et ce qu’elles n’aiment pas. Je demande également dans quoi elles sont à l’aise. Ça permet de faire un dessin, de traduire l’idée. Si ça leur plaît, je leur propose un devis. Ensuite on se revoit pour un second rendez-vous pour la prise de mesures, afin que je réalise un prototype. Lors du troisième rendez-vous, elles essaient le prototype, on redessine ou on retaille tout ce qui est nécessaire, on effectue de petits changements si besoin. Au rendez-vous suivant, les futures mariées viennent essayer leur robe dans le tissu final, sans les finitions, pour voir le tombé de la matière. Et lors du dernier essayage, la robe est prête, avec toutes les finitions : la doublure, les boutons, les dernières retouches manuelles. Il faut prévoir entre quatre et six rendez-vous. L’idéal est de me contacter un an avant pour que je puisse m’organiser et fixer des rendez-vous réguliers jusqu’à la date du mariage. Généralement, on fixe le dernier essayage maximum une semaine avant le jour J, mais je m’adapte pour que ça arrange tout le monde. Et quand les mariées ont choisi Elodie Struillou pour leur mise en beauté, on fait les essais de coiffure et make up dans mon showroom en même temps que l'essayage de la robe. Quand c’est possible, c’est vraiment génial et elles sont trop belles ! 

La plupart des mariées me disent qu’elles ne savent pas ce qu’elles veulent, mais quand elles voient le dessin c’est tout de suite évident. Souvent, c’est juste qu’elles ne savent pas traduire l’idée ! Donc quand je commence à dessiner à partir de ce qu’elles aiment, ça correspond à ce qu’elles avaient déjà un peu en tête. Mes clientes ont généralement autour de trente ans et connaissent leur corps, ainsi que ce qui leur va et ne leur va pas. Du moins elles pensent le savoir. Si besoin, je les guide par rapport à leur morphologie, mon but c’est de les mettre en valeur et des fois il suffit d’un petit détail pour que ce soit parfaitement adapté. La plupart des futures mariées qui viennent chez moi ne veulent pas forcément essayer des robes, mais certaines en ont besoin pour pouvoir se projeter et visualiser ce qui leur convient le mieux. En tout cas, quand elles viennent me voir, c’est souvent parce qu’elles n’ont pas envie de faire des essayages en boutique, qu’elles ne veulent pas quelque chose de classique. Et elles me font confiance quand elles voient que j’arrive à dessiner leur vision.  

 

Crédit Photo : Lénaïg Mevel

Crédit Photo : Lénaïg Mevel

Crédit Photo : Lénaïg Mevel

 

Ce que j’ai toujours aimé dans mon métier, c’est de dessiner une robe, la réaliser et enfin la voir portée le jour J. J’aime voir les créations prendre vie, et le bonheur des mariées le jour du dernier essayage. Mon travail, c’est de créer des robes pour l’un des plus beaux jours de la vie de ces femmes, c’est vraiment chouette ! Récemment j’ai eu une demande d’une femme qui veut refaire la robe de mariée de sa grand-mère car la tenue a été déconstruite pour être réutilisée comme tour de berceau. Elle m'a demandé si je pouvais la "retaper", et elle m'a envoyé de vieilles photos. Je trouve ça génial comme projet, je travaille dessus en ce moment ! Donc c'est toujours dans les robes de mariée, mais une demande complètement différente qui me plaît bien et me permet de varier mon activité. J’ai de très beaux projets en cours ! Et les clientes dont la date du mariage a été reportée sont devenues des personnes que je connais vraiment bien maintenant ! Il y a forcément une autre relation qui s’est créée. J’ai commencé certaines robes en 2019, pour des mariages en 2020 qui n’ont pas pu avoir lieu. Alors j’ai hâte qu'elles puissent enfin se marier et porter leur robe ! 

 

Crédit Photo : Lénaïg Mevel

Crédit Photo : Lénaïg Mevel

Si je devais donner un conseil à une future mariée pour le choix de sa tenue, ce serait de ne surtout pas se sentir obligée de porter une robe qui ne lui ressemble pas, juste parce que c’est “à la mode”. On voit passer plein de belles choses sur les réseaux sociaux et on est souvent influencées, mais il faut vraiment avoir en tête ce qui nous correspond réellement. Parfois aussi, quand une future mariée vient accompagnée, elle peut être un peu perdue dans tous les conseils que donnent les proches. Quand c'est le cas, je la prends à part, on échange un peu plus et là j’insiste sur le fait qu’elle doit choisir ce qu’elle a en tête, ce qui lui plaît à elle, pas ce qui plaît aux copines.”


Les prestataires recommandés par Jeanne :

  • Elodie Struillou : Hair & Make Up artiste, “Je la recommande automatiquement à mes mariées parce qu’elle est trop forte et c’est ma copine !”

  • Louise Garin : Photographe, “C’est aussi ma copine, elle est adorable et travaille super bien.”

  • Mint & Sweet Pepper : Fleuriste, “J’adore tout ce qu’elle fait, c’est magnifique, elle a vraiment un truc en plus.”

  • Les Temps Gourmands : Traiteur, “J’aime beaucoup Laurence, pour moi c’est THE traiteur !”

  • Le Manac’h : Traiteur, '“J’aime beaucoup aussi ce qu’ils font.”

  • Le Roudouic : Lieu de réception, “Nadine est hyper sympa, son mari aussi. Et en plus il y a des alpagas dans le jardin !”

  • La Capitainerie : Food Truck, “C’est trop joli et Marion est trop cool !”

  • Listo Papito : Food Truck, “C’est super bon !”

  • Mangabey : DJ

  • Rachel Le Gall : Modiste , “Elle fait des chapeaux, ses créations sont très originales et on se met souvent en accord pour le choix des tissus.”

  • Marions-Nous dans les Bois : Vidéaste.

  • Vincent Martinaud : Photographe et vidéaste, “C’est vraiment bien ce qu’il fait et il est hyper sympa.”

  • L’Orangerie de Kerstrad : Lieu de réception, “C’est magnifique".”

  • Structures Ephémères : Location de tente nomades, “Barbora et Calixte sont trop cool et les tentes sont super belles !”


Jeanne Lannurien

47, Le Bourg

29170 Pleuven

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Photos du showroom par Mathieu Alemany.