Rencontre avec Nicolas d’Albenas, photographe.
Après le bac, Nicolas suit des études pour se former au métier d’orthoprothésiste. C’est en rencontrant Jade, qui devient sa compagne et bientôt son épouse, qu’il se découvre un talent pour la photo. D’abord à travers l’univers de la mode et du studio, puis rapidement, pour témoigner de la détermination de ses patients. Ce sont ses premières expériences de photoreportage. Nicolas le confie, c’est un grand romantique, passionné de belles histoires qui se terminent bien. C’est donc très naturellement qu’il commence à photographier les mariages. Il nous raconte son parcours et son approche artistique, depuis le domaine paramédical jusqu’à la photo de mariage, avec un seul mot d’ordre : retranscrire vos célébrations avec naturel et authenticité.
« Contrairement à beaucoup d’autres photographes, je n’ai pas baigné dès le plus jeune âge dans le milieu de la photo. On ne m’a pas mis un appareil entre les mains quand j’avais trois ans (rires), mes parents n’étaient pas du tout artistes. J’ai une formation d’orthoprothésiste : mon métier était de concevoir et poser des prothèses à mes patients pour leur permettre de retrouver leur autonomie. J’ai grandi à Lyon, puis mon père a été muté à Paris. J’y ai vécu jusqu’à la fin de mes études. J’ai été envoyé à Nantes pour mon premier travail dans l’orthoprothèse afin d’être formé et prendre ensuite un poste à Rennes. J’y ai rencontré Jade, ma fiancée. Étant mannequin, elle m’a fait découvrir l’univers de la photo de mode et commerciale. En parallèle, j’ai commencé le photoreportage pour traduire les histoires pleines de résilience de mes patients amputés.
Mon choix de m’établir professionnellement en Bretagne a été complètement intuitif : c’est un endroit incroyable, les paysages y sont très variés. J’adore cette région et j’avais envie de la mettre en valeur, d’autant plus que de nombreux étrangers viennent y organiser leur mariage.
Je me suis lancé à mon compte une semaine avant le confinement, et ça a été très bénéfique ! Pendant 3 mois, j’étais entièrement disponible pour me consacrer à la création de mon site internet, travailler sur ma vision de la photographie et mon workflow, continuer à me former pour être prêt dès que l’on reprendrait une vie normale.
Dans mon activité de photographe, j’ai deux entités : mariage et studio. En parallèle des reportages de mariage, je poursuis les collaborations avec des marques de mode et commerciales tout au long de l’année. Ces deux aspects de mon travail se complètent parfaitement ! En mariage, je suis seul sur le terrain, alors que sur la partie studio il y a toute une équipe. Nous sommes généralement entre 6 et 12 personnes sur ce type de projet. Cette émulsion artistique me pousse à être en perpétuelle recherche d’inspirations, à expérimenter de nouveaux angles de prise de vue. Et cela me permet aussi de rencontrer des professionnels tels que des make up artists, etc. que j’ai plaisir à recroiser sur des prestations de mariage.
Enfant, j’étais plutôt solitaire, assez timide et j’adorais me raconter des histoires. J’avais beaucoup d’imagination, et j’ai certainement parfois rêvé et fantasmé ma vie. À la fac, j’aimais beaucoup les cours magistraux parce que les profs racontaient quelque chose. Je suis fan de films romantiques, d’histoires d’amour. Mon film préféré, c’est Coup de foudre à Notting Hill (rires), je pense que je le connais par cœur ! Hugh Grant, l’humour anglais… j’adore ! Donc les belles histoires autour de moi ont commencé à m’intéresser. Un de mes patients faisait de la compétition à haut niveau : je l’ai suivi sur un trek, près d’Annecy, et j’en ai fait une vidéo. Ma toute première d’ailleurs ! J’ai adoré raconter son parcours à travers mes captations et ça m’a poussé à chercher ce côté storytelling et authentique en mariage.
J’aimais beaucoup mon métier et j’étais bon dans ce que je faisais, mais je pense que ça ne me prenait pas assez aux tripes, il me manquait des vibrations. Et puis je faisais de la photo studio en parallèle, il a fallu choisir. J’ai eu un an de rupture conventionnelle, j’ai eu du temps pour lâcher doucement mon boulot, au moins psychologiquement. Le mariage s’est imposé à moi naturellement : j’aime raconter de belles histoires et retranscrire celles des autres.
En photo studio, il y a de l’instinct, mais c’est surtout beaucoup de préparation. J’ai commencé à faire des éditos pour des magazines, ce qui m’a permis d’envisager des projets plus ambitieux et d’arriver à une recherche artistique plus importante. J’y trouvais de plus en plus de sens et c’est ce qui m’a plu. Alors quand j’ai photographié mes premiers mariages, c’était génial ! Comparé au studio, fermé, avec de l’éclairage que je contrôle, sur un mariage j’ai une liberté incroyable ! Justement, je ne contrôle rien : ni les gens ni la lumière. Pour moi qui aime le challenge, c’est un terrain de jeu de dingue ! Il y a beaucoup de données sur lesquelles je n’ai pas la main et c’est complètement jouissif, c’est ma cour de récré. Je suis un vrai passionné, je suis un grand gourmand, je cuisine beaucoup : il y a beaucoup de choses que je prends très à cœur. Et je pense qu’on fait très bien ce qu’on aime bien ! Cependant, je m’amuse parce que c’est une passion, mais ça reste un travail. Quand je suis sur un mariage, je ressens forcément un peu de stress et d’appréhension, mais également de l’excitation !
Ma prestation commence bien avant le mariage. Je prends toujours le temps de rencontrer les couples en amont (ou en visio s’ils habitent à l’étranger), mais aussi de mettre en place un process avant le jour J. Ça simplifie énormément les choses, c’est quelque chose que j’ai appris lorsque j’étais orthoprothésiste. Quand je faisais des moulages pour des prothèses, je me disais que si je faisais bien ma préparation, le reste allait fonctionner tout seul. C’est pour ça qu’aujourd’hui encore la préparation est primordiale pour moi.
En studio, ce sont des professionnels qui créent des émotions. Dans les mariages, ces émotions sont réelles, et pour quelqu’un de passionné comme moi, qui aime les choses vraies, c’est forcément touchant. Parfois, il y a des discours qui prennent aux tripes, ceux des parents notamment. Parce que l’on connaît l’histoire des mariés, mais pas celles des familles. Dans certains discours, on sent qu’il y a eu une souffrance, qu’ils ont réussi à s’en sortir. Un père, par exemple, qui a les larmes aux yeux, c’est lourd de sens… On est forcément sensibles à ce genre de scène. C’est un boulot épuisant, mais quand j’ai terminé je n’ai qu’une envie : commencer à développer mes photos. C’est merveilleux. Et c’est un vrai bonheur de retrouver en images l’émotion telle que je l’ai vécue pendant la célébration. Les histoires d’amour de mes reportages me font vibrer et me transportent. Pour moi c’est l’éclate en permanence !
Et puis les mariés choisissent un style, un art. Ils me font confiance et ça, c’est quelque chose de tellement important. Ils ne m’ont pas choisi au hasard, mais parce qu’ils aimaient bien mon travail. C’est un super rapport de confiance. Je m’éclate vraiment même si, au départ, on a tous ce syndrome de l’imposteur. Mais ça passe, parce qu’à un moment il faut s’assumer : parmi tous les gens présents, je suis le seul à savoir où ils doivent se mettre, dans quelle lumière, et je suis capable de le faire. C’est quelque chose que j’ai appris dans l’orthoprothèse, j’avais des médecins en face de moi qui avaient fait quinze années d’études, tandis que j’étais le petit jeune avec un bac +3. Mais j’étais le seul à savoir quelle prothèse allait bien à qui. Donc il faut oser ! La photographie c’est un plaisir, mais c’est aussi du travail. On est là en tant qu’artiste, mais également en tant qu’expert. Et c’est essentiel de bien gérer ces deux aspects pour créer un ensemble qui soit cohérent, car le client doit être satisfait avant tout.
Je me rends très disponible pour les futurs époux. Et même lorsqu’il se passe plusieurs mois entre notre rencontre et le jour J, je fais en sorte d’échanger avec eux tout au long de l’année pour garder un lien. Je serai l’un des seuls prestataires à les suivre toute la journée du mariage, c’est important que je puisse les aider au maximum sur la préparation. Bien sûr, je ne suis pas wedding planner, mais si je peux contribuer à les rassurer à propos de l’organisation ou des photos, je le fais avec plaisir. Je leur envoie également une plaquette de tips photo un mois avant leur mariage. Quand c’est possible, j’aime bien aller découvrir en amont le lieu de réception pour anticiper et repérer les bons spots pour des photos de couple. J’aime prendre le temps de découvrir ce qu’ils veulent, ce qui est important pour eux et ce qui l’est moins. J’ai eu des mariés dont l’histoire est tellement touchante que j’ai encore parfois la larme à l’œil en y repensant. C’est pour ça qu’un vrai feeling des deux côtés est indispensable. Les couples consacrent généralement au moins un an pour préparer leur mariage, parfois deux, et c’est indispensable qu’ils aient confiance en moi, en mon travail.
J’aime beaucoup immortaliser les détails. Les mariés y attachent beaucoup d’importance, ils les ont pensés avec soin, chaque chose a un sens. S’ils ont fait ces choix, cela veut dire que ça leur tient à cœur, qu’ils ont envie de le voir, et que les invités le remarquent. Je souhaite qu’ils retrouvent ça dans mes photos. Et puis j’aime bien ce qui est léger, simple, je fais plaisir aux mariés, mais je me fais plaisir aussi. Je ne suis pas photographe depuis ma plus tendre enfance, par contre j’ai fait beaucoup de trek avec mon père qui est un amoureux de la nature. On observait les papillons, les coccinelles, etc. J’ai toujours été en admiration devant les petites choses de la nature, j’aime la contemplation. Quand je suis chez des gens par exemple, je suis quelqu’un qui, peut-être de manière un peu impolie, se balade et regarde partout. (Rires) Sans aucun jugement, c’est juste que j’adore ça !
J’essaye de faire des photos naturelles, intemporelles, lumineuses, j’aime les contre-jours, et les couleurs pastel. En studio également je cherche à garder quelque chose de pur, de poétique. Je veux transmettre de la douceur dans mes images. C’est amusant de voir qu’il y a une vraie cohérence dans cette identité.
Après le jour J, j’ai un délai d’un mois pour la livraison du reportage. C’est énormément de travail, mais c’est un objectif que je me suis fixé. Généralement ça correspond à leur retour de lune de miel et ils ont les photos pour remercier les invités ! J’aime bien traiter rapidement les images, puis me laisser quelques jours pendant lesquelles je n’y touche pas, pour les travailler de nouveau. Parce qu’à force d’être devant l’écran, il y a des choses qu’on ne voit plus.
L’expérience de la prestation ne s’arrête pas à la livraison de la galerie, il y a le coffret avec des petites attentions personnalisées. Et pour l’anecdote, ma fiancée m’aide beaucoup sur la création des packagings, elle a également le sens du détail, mais c’est surtout une grande romantique !
Les reportages, aussi beaux soient-ils, sont immatériels et beaucoup ne prennent pas le temps d’imprimer leurs photos. Je propose des coffrets réalisés avec de belles matières, du satin, des dorures. Cela me permet d’offrir une petite œuvre d’art à mes mariés, un écrin de souvenirs qu’ils peuvent feuilleter et présenter à leurs amis. Il y a un coffret avec une clé USB en cristal et des tirages photo, un autre avec un livre photo relié et façonné à la main, avec une dorure artisanale sur la couverture. Je fais appel aux services d’une petite entreprise familiale locale.
Je fais en sorte de tout personnaliser, afin de proposer une expérience complète. C’est un aspect auquel je suis moi-même très sensible : que l’on me fasse ressentir que mon expérience à moi est unique. Je prends soin de mes clients pour qu’ils se sentent spéciaux, car ils le sont ! Chaque mariage est différent !
Aujourd’hui, je constate que beaucoup ne se formalisent plus des conventions, et organisent un mariage qui leur ressemble. Les invités ainsi que les mariés veulent s’amuser et passer un bon moment avant tout. De mon côté, mon travail est de créer des images qui leur apporteront une joie durable et des souvenirs précieux tout au long de leur vie ensemble ! »
Les prestataires recommandés par Nicolas:
La Tablerie : Location de décoration, scénographie, “Gwendal est super sympa et il a un stock incroyable. C’est un expert et une véritable personne de confiance pour les mariés.”
Bohemia : Hair & Make Up Artist, “Marine est extrêmement compétente, c’est toujours innovant et elle a une technique de dingue. C’est une professionnelle très efficace.”
Claudine Création : Créatrice de robes de mariées, “Elle a un choix de robes incroyable, elle est moderne et propose des coupes originales. Et elle est très sympathique !”
Ecume Events : Wedding Planner, “Justine a une démarche éco-responsable, c’est très intéressant ce qu’elle propose. Elle est très dynamique !”
Ma Vie de Cookie : Pâtisserie et wedding cakes, “Elle ne travaille qu’avec des produits locaux et de saison. Et ses gâteaux sont tellement bons!”
Portrait par Mathieu Alemany.
Photos par Nicolas d’Albenas.
Découvrez également le shooting photographié par Nicolas : Antoine & Rodolphe sur l’Île Tascon.