Rencontre avec Marie-Hélène Garçonnet, propriétaire du Manoir de la Mare dans les Côtes d’Armor.
Quand on arrive au bout du chemin arboré qui mène au Manoir de la Mare, c’est d’abord Magdala qui nous accueille. Ce paisible et élégant lévrier irlandais vient vérifier que nous ne sommes pas de simples curieux. Car lorsqu’on l’aperçoit depuis la petite route de campagne, on est facilement tentés de s’approcher pour découvrir cette jolie bâtisse, sans prendre garde au discret panneau qui rappelle pourtant que c’est bien une propriété privée. La famille Garçonnet, descendants de l’un des premiers propriétaires du domaine, occupe les lieux depuis maintenant dix ans.
Une fois passé avec succès le contrôle de Magdala (nous avons rendez-vous !) c’est l’adorable et souriante Marie-Hélène qui apparaît pour nous accueillir, et nous faire découvrir le domaine de la Mare. Si vous êtes en quête d’un lieu de réception pour votre mariage dans les Côtes d’Armor : c’est l’endroit idéal !
Si la date de construction n’est pas précise, on retrouve les premières mentions du Manoir de la Mare dans un écrit de 1460. En premier lieu le domaine est une ferme, il ne devient une seigneurie que plus tard et sera, durant les siècles suivants, un endroit très animé:
“Ici, dans les années 1800, le lieu était plein de vie! Tous les corps de métiers du voisinage s’y retrouvaient : le meunier, le bourrelier, le tailleur d’habits, etc. De nombreuses personnes y vivaient, les propriétaires mais aussi beaucoup de familles. Dans le grand bâtiment il y avait des habitations, d’ailleurs toutes les vieilles portes en bois que nous avons réutilisées dans les salles de réception étaient des portes de chambres! Les gens étaient ici pour travailler. Il y a beaucoup d’éléments qui ont disparu aujourd’hui, comme le moulin, la chapelle, la tour… Et il y avait un pont-levis, à peu près au niveau du chêne. Le lieu s’appelle La Mare puisque c’était un endroit très marécageux. On a retrouvé des vieux plans sur lesquels on voit le bâtiment, la cour intérieure, et tout autour : c’est de l’eau! Il y a l’étang qui est derrière le manoir et deux douves complètes faisaient le tour de la maison, mais aujourd’hui il n’en reste que deux fossés. L’eau était la protection du lieu! Nous avons drainé complètement cette partie là pour faire le jardin. Ce sont les deux gros travaux que nous avons fait en arrivant : on a rénové le grand bâtiment et on a fait un jardin dans la cour! C’était une grande cour de ferme, avec un gros gravillon gris, qui était restée en l’état depuis pas mal d’années. Et le puits n’était plus là, mais on a retrouvé des plans qui nous ont permis de connaître son positionnement, il n’était pas comblé, seulement recouvert.
Le bâtiment que l’on habite est le plus ancien. Cette partie est très grande mais ce sont surtout de très grandes pièces. Au rez de chaussée c’était la salle semie-publique, la “salle basse”. Le propriétaire des lieux, qui avait été anobli, avait droit de justice sur les terres. C’était là qu’il rendait justice.”
A droite du manoir, le grand bâtiment où vivaient les familles de travailleurs est aujourd’hui la salle de réception qui accueille les mariages:
“C’est un bâtiment que nous avons rénové presque entièrement en arrivant en 2011, on savait tout de suite qu’on voulait le faire vivre avec des mariages. Le bâtiment donne plein ouest : le soir, la salle est baignée par le soleil, c’est très agréable. C’est une pièce avec des matériaux sublimes et d’époque. Le sol est réalisé à partir des dalles d’ardoise de la chapelle. Nous avons juste mis l’argile au mur, tout le reste a simplement été nettoyé, brossé, nous voulions vraiment garder tous ces beaux matériaux. Cette pièce peut accueillir 110 personnes pour le dîner, jusqu’à 120 en remplissant bien les tables. Et cela convient très bien car dans la largeur il y a toujours un bel espace, on ne se sent pas trop serrés. On accueille également des mariages de quarante ou cinquante personnes et ça se fait très bien puisque c’est une pièce aux allures de grand salon, pas très haute de plafond, et beaucoup d’éléments rappellent un salon: la cheminée, l’escalier, les fenêtres. C’est une pièce qui s’adapte bien à différentes configurations. Souvent les mariés dégagent un peu le coin cheminée, qu’ils décorent avec des canapés etc., ils décorent l’entrée en y faisant un coin pour le livre d’or. Il y a quelques crochets sur le mur, certains y accrochent des photos, ou de la décoration florale… Ils s’approprient vraiment le lieu. Les mariés ont plein d’idées de déco, ils vont décorer les poutres, l’escalier, la cheminée etc., quand d’autres se contentent de la décoration des tables… Et le lieu se suffit à lui-même! C’est très chouette de voir la manière dont chacun s’approprie les lieux, ce sont souvent de belles surprises.
Nous avons agrandi assez vite avec l’ Orangerie, qui fait salle de bal et qui accueille le cocktail lorsque la pluie s’invite. Il y a trois ans, nous avons eu un mois de septembre avec une mini-tempête, tous les invités étaient dans l’Orangerie. On voyait le vent dans les arbres, les feuilles qui volaient, ça n’arrêtait pas! Et en faisant le petit debriefing le lundi matin, ils avaient trouvé ça génial d’être dans cette bulle, entourés par toute la nature qui se déchaînait, c’était sympa je ne pensais pas du tout avoir ce retour-là! Donc cette Orangerie fait également office de plan B en cas de pluie. Nous sommes hypers contents parce que ce sont vraiment deux belles pièces! Ça parle beaucoup aux mariés : nous, les français, on aime bien ce style raffiné, léger, qui nous évoque les jardins d’été. Elle est très différente de la première salle et pourtant elles s’accordent très bien! Avec énormément de différences dans les matériaux, la luminosité et même la vue, car ici on plonge directement dans le sous-bois.
Une nuit, après avoir aéré, nous avions oublié de fermer les portes de l’Orangerie, et le lendemain je vois passer une petite houpette à l’étage… C’était une paonne, elle ne voulait plus descendre! Elle est restée plusieurs semaines avec nous, on ne sait pas d’où elle venait.
C’est dans le jardin que se déroulent la plupart des cocktails. On reçoit des mariages entre mai et octobre, c’est une volonté de ne faire que les beaux jours. Après c’est très humide, on ne peut pas aller partout. On se limite aux beaux jours et c’est vraiment une belle période! A partir de mi-septembre, toutes les premières couleurs d’automne apparaissent et les premières feuilles tombent sur l’étang.”
Après la visite des deux belles salles de réception, on découvre à l’étage la salle des enfants, avec tout ce qu’il faut pour les occuper durant une longue soirée de mariage! Et juste à côté, une étonnante salle avec quelques couchages:
“Nous avons laissé cette grande pièce libre mais nous avons quand même eu envie de proposer un dortoir… Alors on a choisi des hamacs, qui viennent du Brésil et du Mexique! On aime beaucoup l’effet visuel et c’est très confortable! Soit les mariés s’en servent pour leurs témoins ou leurs amis, soit ça sert vraiment en dépannage, pour ceux qui avaient prévu de repartir et qui finalement ne peuvent pas ou ne veulent pas. Sur place on ne propose pas d’autres solution de couchages. Evidemment les tentes et camping-cars sont les bienvenus, je donne aux mariés une liste de chambres d’hôtes, de petits hôtels, de gîtes… Il y a beaucoup de choix. Certains se sont même adaptés à la demande des mariages car il y a le Château de Bogard aussi à côté, ils proposent des navettes etc. Et il y a quelques lieux hyper cocooning pour des mariés! La salle des hamacs est un espace en option donc les mariés ne le prennent pas forcément, mais neuf fois sur dix j’ai l’appel trois semaines avant : “Finalement, on la prend!” (rires), ça dépanne bien!”
Tout en discutant, on contourne alors le manoir pour découvrir le bel étang, qu’on ne voit pas du tout depuis le jardin. Qu’on ne soupçonne même pas! On est émerveillés par ce nouvel espace inattendu et un majestueux héron s’envole au même instant…
“Les mariés aiment beaucoup venir faire leurs photos près de l’étang, parfois ils s’installent ici pour leurs cérémonies laïques. C’est un endroit qui crée un peu la surprise, c’est vrai qu’on ne le voit pas du tout quand on est côté cour! On a trois canards blancs aussi… Mais où sont-ils?! On voulait de beaux canards colverts et on nous a offert des gros canards de basse-cour (rires)… Mais en fait c’est super beau sur l’étang, parce qu’ils sont tout blancs! Donc le soir ou le matin, dans la brume, avec le contraste c’est magnifique!”
Coucou, c’est nous dans le reflet! :)
La découverte du domaine se poursuit: une allée de buis à travers laquelle on aperçoit l’ombre du sous-bois, une roseraie que Marie-Hélène promet de “chouchouter un peu”, le four à pain, un petit coin potager. Et puis les lapins, la jument…et les fameux canards dans l’enclos des poules qui, délogées, se promènent un peu plus loin. On s’installe à l’ombre de l’olivier pour goûter le sirop de menthe du jardin et Marie-Hélène continue de nous raconter…
“Ici, tout a été pensé pour des mariages. Nous nous sommes mariés ici également, mais à l’époque ça n’avait rien à voir! Le lieu était déjà beau et on sentait qu’il se passait quelque chose. Déjà parce que c’est la maison des ancêtres de Franck, mon mari, et la manière dont nous avait accueilli le propriétaire des lieux (qui n’était pas de la famille), c’était complètement dingue : il nous avait proposé d’organiser une réception alors qu’on ne le connaissait pas!
Le propriétaire à cette époque, véritable amoureux des lieux, s’était mis en relation avec une personne de la famille, un historien qui avait fait beaucoup de recherches sur la Mare, et avait même écrit un livre sur le domaine. Un jour, ma belle-mère a été amenée à rencontrer le propriétaire qui lui a dit : “Si un jour vous avez une fête de famille à organiser, venez car c’est aussi votre maison”. C’était magnifique et ça nous a quand même guidés… Je veux dire qu’on est là, mais on n’accapare pas les lieux, on ne se sent pas “propriétaires”, on se sent vraiment comme un maillon. Aujourd’hui c’est à notre tour, on ne sait pas qui après…Peut-être nos enfants, peut-être pas. L’important n’est pas que le lieu reste dans la famille, mais qu’il vive. C’est un lieu qui a toujours été très ouvert et la manière dont nous avons été accueillis par l’ancien propriétaire nous a très clairement montré le chemin. Pour moi, c’est un lieu qui est naturellement ouvert à tous. Nous avons accueilli beaucoup de concerts avant d’accueillir des mariages, une association également qui venait déjà du temps de l’ancien propriétaire. On accueille aussi des associations de personnes isolées qui viennent ici, nous la prêtons pour des vacances… Nous avons envie que ce soit un lieu qui vive!
Nous nous y sommes mariés en juillet 2004 et lorsque le propriétaire est décédé, ses enfants nous ont choisis, pour qu’il y ait une continuité. Pour eux, cela avait du sens car leurs parents ont beaucoup aimé ce lieu, ils l’ont sauvé de la ruine en quelque sorte. Il y a toutes ces petites choses qui donnent du sens…
C’est une maison qui a vraiment une histoire, et des fois on la sent. Quand le ciel est chargé, en fin de journée et que les pierres grises se détachent sur le fond, de temps en temps j’ai l’impression de la voir “autre”, j’ai l’impression de la voir “elle”, en tant que maison qui a traversé les siècles.… Je ne sais pas tout ce qu’elle a vécu, il s’est passé tellement de choses!
Nous habitons ici depuis l’été 2011. Nous avons racheté la Mare en 2005, et jusqu’en 2011 nous vivions encore dans les Yvelines. Mais nous venions ici dès qu’on le pouvait. On a sauté le pas à la faveur d’une grosse crise qu’il y avait eu dans le bâtiment. Nous sommes architectes tous les deux, le choix a été vite fait, on ne pouvait pas vendre la Mare, c’était impossible! Nous sommes arrivés ici, nous avons posé nos valises et nous avons commencé à rénover à l’hiver 2011. Avant, quand on venait, on s’occupait surtout du jardin qui devenait une vraie jungle en notre absence. C’est vraiment quand on s’est installés que nous avons commencé les travaux. Et en 2015 et 2016 nous avons accueilli les premiers mariages, c’est assez récent!
Aujourd’hui, mon mari travaille dans son agence d’architectes et moi je m’occupe du lieu et des mariages. C’est une activité qui permet essentiellement d’entretenir et de rénover le domaine.
Quand des mariés viennent visiter, on a déjà eu un premier contact, ils connaissent les tarifs et ils ont vu plein de photos et une vidéo. Et ce qu’on met sur internet c’est assez révélateur du lieu, il n’y a pas de surprise. Sauf pour la salle car ils la trouvent parfois plus grande que ce qu’ils imaginaient. Certains viennent pour confirmer, mais quelques mariés réservent sans avoir visité parce qu’ils sont loin. Soit les parents ont pu venir visiter, soit nous avons beaucoup échangé et ils connaissent l’agencement des pièces. Et les mariés qui choisissent le manoir de la Mare ont vraiment le coup de cœur, ils me disent qu’ils s’y sentent bien. Prochainement, pour leur faire plaisir, on va investir dans de beaux salons de jardin, assez design, pour qu’il y en ait un peu partout.
Moi, ce que j’aime dans le fait d’accueillir des mariés, c’est que c’est vraiment un beau jour. On est au cœur du bonheur dans la vie des gens. Il arrive que l’on assiste à des moments de réconciliation, ça me donne encore des frissons… Le mariage rescelle quelque chose dans la famille. Et on a parfois des mariés qui reviennent voir les lieux, ça c’est vraiment chouette!”
Les prestataires recommandés par Marie-Hélène :
“Nous avons une liste de prestataires, qui est amenée à s’étoffer. Ce n’est pas du tout pour contraindre les mariés, c’est vraiment pour leur offrir un beau choix et pour nous faciliter la tâche: ces prestataires connaissent les lieux, on sait qui vient, ils nous connaissent, tout est facile. Je ne l’impose pas, je demande juste à choisir de préférence dans notre liste, mais je suis tout à fait ouverte! Et je sais que le lien est déjà créé entre les prestataires qui se connaissent.”
Django is not dead : Musiciens, “ils font du jazz manouche, c’est très très chouette!”
Kannibal Swing : Musiciens, “c’est un groupe de Hénon, ils jouent souvent en quartet et nous avons bien sympathisé. C’est aussi une petite compagnie de théâtre, ils ont plusieurs casquettes Ils sont hyper cool.”
Pain d’Epices : Traiteur, “il n’est venu qu’une fois, mais depuis peu au moins une dizaine de mariés me disent qu’ils l’ont choisi!”
Traiteur Mallet : Traiteur, “c’est un couple franco-russe, ils font de belles propositions et ils ont un fonctionnement familial. Ils sont très fiables, très à l’écoute, très sympathiques, très généreux!”
Facelia : DJ, “très à l’écoute, très pros, une valeur sûre!”
Christophe Jégard : DJ, “il est musicien de formation, et joue du saxo. Il peut animer la cérémonie laïque et la soirée. J’aime bien cette double casquette. Les mariés sont toujours satisfaits.”
Vintage Events : Location de vaisselle et mobilier, “elle est très créative, très sympathique, elle se plie en quatre pour ses mariés. Et elle travaille avec une belle passion.”
Photos par Mathieu Alemany.